lundi 27 février 2023

ET SI C'ÉTAIT LE CORPS EN MOUVEMENT QUI DONNAIT LE RYTHME ?

Qui se souvient du Green Light Run ? - .


C'était il y a 6 ans déjà, une course à pied (un marathon) imaginée par Adidas dans Tokyo et pour laquelle les feux tricolores ont été mis au service de runners afin qu'ils n'aient pas à s'arrêter et attendre que les voitures passent à chaque carrefour.


C'était une très belle idée, c'était...


Qui doit prioritairement attendre à un carrefour ?


Les piétons ou les voitures ?


Aujourd'hui encore et majoritairement les feux tricolores sont conçus et paramètrés pour les voitures, les piétons étant relégués au rang d'obstacles fragiles.


Pourtant, faire du piéton, qu'il marche lentement, vite ou même qu'il court, l'élément de référence pour paramètrer la ville est une solution pour mettre en oeuvre cette transition écologique des zones urbaines dont tout le monde parle et dont trop peu d'exemples sont actuellement mis en oeuvre.


Cela passe par une inversion de certaines priorités, continue-t-on à déneiger ou à ramasser les feuilles mortes sur la chaussée avant de le faire sur les trottoirs ? 


Place-t-on les potelets anti-stationnement sur les trottoirs ou sur la chaussée ? 


Réduit-on les devers, nids de poules et autres obstacles des trottoirs ? 


Installe-t-on des bancs à intervalles réguliers pour celles ou ceux qui ont des motricités empêchées ? Crée-t-on des abris anti-pluie ou des zones d'ombrages à proximité des lieux où les piétons vont devoir attendre que le flot des voitures passe ?


La prise de conscience n'est pas nouvelle et ici ou là ce sont des plans sérieux, documentés et largement financés qui sont déployés.


À Londres par exemple ce sujet est d'importance et c'est Transport for London qui s'est attelé à la tâche au travers du plan Heatlthy Streets - voir .


Mais aussi à San-Francisco - voir Pedestrain program et à Vienne - .


Nous ne sommes évidemment pas en reste en France, mais nous pourrions faire plus, mieux et plus ambitieux. 


Le Cerema a élaboré un excellent dossier "Marche en ville" qui donne beaucoup d'éléments de compréhension et d'outils pratiques : voir .


Le sport comme accélérateur pour penser les transitions : 

- Transitions dans les villes 

- Transitions dans les mobilités

- Transitions liées à la santé et au rapport au corps. 

- Transitions liées au travail.

vendredi 24 février 2023

ET SI LA VOIRIE DEVENAIT UN ENJEU ÉCOLO-SPORTIF ?

Il faut décarboner le sport ! (#3)


L'une des manière de décarboner nos vies et nos villes c'est de substituer les déplacements en vélo aux déplacements en voiture. 


La plupart de nos déplacements sont sur des distances inférieures à 5 km, prendre la voiture est assurément une mauvaise habitude.


L'un des moyens d'encourager cette pratique plus vertueuse pour l'environnement et notre avenir commun, c'est de construire, aménager, organiser des pistes cyclables. De nombreuses collectivités territoriales, villes plus ou moins grandes, et autres agglomérations s'y sont mises. 


Et force est de constater que lorsqu'on entreprend de mettre un peu de sport dans nos vie quotidienne ça change la donne, la transformation se met en marche, d'un point de vue des émissions de gaz à effet de serre bien sûr mais également d'un point de vue de la santé de chacun d'entre nous.


Mais on peut aller encore plus loin comme nous le montre la commune de Gouda en Hollande Méridionale, qui expérimente la mise en place de pistes cyclables en plastique domestique recyclé et recyclable - .


72% moins gourmande en énergie pour les construire que des pistes cyclables en bitume, 80% d'économie de transport (ça ne pèse pas très lourd !), ces pistes en plastique ont en outre une caractéristique intéressante. Creuses, elles améliorent, en effet, le drainage local et permettent de stocker temporairement de l'eau en cas d'inondation (300 litres/m2) - voir Plastic Road.


Ça se tente une affaire comme celle-là quand on est responsable d'une commune et qu'on ambitionne de changer la vie de ses concitoyens, de prendre sa part dans l'effort collectif pour améliorer l'expérimentation est prévue pour trois ans, nous verrons bien si cela est positif, très positif voire même très très positif (je sais je suis un indécrottable optimiste).


Et la question qui vient tout de suite, qui pour mettre en oeuvre ce type de pistes ? 


Les industriels spécialistes de la voiries ? 


Les aménageurs sportifs comme nos bons camarades de Playgones


Le sport comme accélérateur pour penser les transitions : 

- Transitions dans les villes 

- Transitions dans les mobilités

- Transitions liées à la santé et au rapport au corps. 

- Transitions liées au travail.

mercredi 22 février 2023

ET SI ON METTAIT LE SPORT AU COEUR DE LA MUTATION DES BÂTIMENTS ?

Il faut décarboner le sport (#2)


On ne peut pas dire que le monde du sport ne s'y soit pas mis, la prise de conscience est plutôt bonne, des initiatives sont prises un peu partout. Surtout du côté de la sobriété énergétique : ici ou là on baisse les températures, on chauffe moins les pelouses, on diminue l'éclairage, y compris la luminothérapie des pelouses -


On fait des efforts c'est bien mais comme nous l'évoquions il y a peu () ce sont des efforts locaux ; des initiatives individuelles qui ajoutées les unes aux autres sont significatives. 


Mais de grandes manoeuvres systémiques, pour le moment, on ne voit pas grand chose à l'horizon. 


Les fédérations internationales n'ont toujours rien proposé en terme d'organisation pour réellement décarboner le sport, les calendriers de compétitions sont toujours de plus en plus pléthoriques, les organisations territoriales semblent dramatiquement figées, les pratiques immuables...


On va donc s'en remettre à des initiatives hyperlocales, individuelles, de quelques responsables qui voient un peu plus loin que leur profits immédiats.


On peut faire quoi de plus ?


Pour y réfléchir, je ne saurai trop vous conseiller l'exposition "Conserver Adapter, Transmettre" qui se tient encore quelques jours au Pavillon de l’Arsenal


Ce n'est pas par hasard si nous avons choisi le Pavillon pour organiser les premières Rencontres Sport / Equipement / Stratégie ®  du 12 avril prochain autour de la question "C'est quoi un équipement sportif demain ?"


Pourquoi ?


Parce qu'on y apprend que chaque mètre carré neuf construit émet 1,5 tonne de CO2 pendant 50 ans dont une moitié provient de la matière et l’autre de l’énergie. 


Et si donc on s'intéressait sérieusement à comment on transforme d'anciens locaux (les immeubles pour automobiles par exemple) en espaces sociaux adaptés pour des pratiques sportives diverses et variées et pas seulement en logements sociaux. 


Et si au lieu de construire de nouveaux équipements, on transformait d'anciens bâtiments en lieux de sport et pas seulement en bureaux ?


On s'apercevrait rapidement qu'en pensant à comment mettre du sport dans ces transformations d'anciennes constructions il serait aisé transformer la ville pour la rendre plus durable et la vie plus agréable.


Le sport a un énorme potentiel de catalyseur pour accélérer la transformation écologique de la ville, profitons en !

lundi 20 février 2023

ET SI LE SPORT DEVENAIT L'ACCÉLÉRATEUR DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ?

On a appris il y a quelques jours que le Pays de Galles avait décidé d'interrompre plusieurs dizaines de projets de routes au motif que ces projets étaient incompatibles avec les objectifs de développement durable qu'il s'est fixé. (voir, ). 


Pas simple de prendre des décisions qui apparaissaient à beaucoup comme nécessaires sur le court terme et ce, pour protéger l'avenir...


La crise climatique et les conséquences qu'elle peut avoir sur les générations futures, ont contribué à faire émerger l'idée que les décisions que nous prenons aujourd'hui doivent être prises avec le souci des générations qui viendront quand nous ne serons plus là.  


Et désormais pour un nombre croissant de pays la question : avons-nous le choix de faire autrement ?


Se pose-t-on cette question en France en 2023 ?


En matière de lutte contre la sédentarité en France, on le voit bien, l'option choisie est extrêmement court-termiste : "faites du sport ça ira mieux". 


On ne s'interroge nullement sur ce qu'il serait intelligent de faire pour que cette incantation/injonction ne traverse pas les années, les générations avec le peu de succès qu'on lui connait depuis que cette idée semble être devenue un dogme. 


On ne s'interroge que très peu sur la fondement de ce dogme du sport comme moyen de lutte contre la sédentarité lorsqu'en fait il n'est qu'un moyen d'en atténuer les effets délétères.


Pas de décision radicale sur l'urbanisme, l'organisation du travail, les mobilités, l'éducation, non, on se contente de stigmatiser la population et de produire des études, des rapports, et des plans d'envergures plus ou moins modestes.


A grands coups également de "il faut mettre les français au sport", mesure-t-on les effets dramatiques de ce paternalisme d'un autre âge, irrespectueux et inefficace ?


C'est un choix politique de faire que les décisions que nous prenons aujourd'hui aboutissent à un monde durable dans quelques générations. Non seulement les décisions concernant les infrastructures, l'approvisionnement énergétique et les ressources naturelles, mais aussi les décisions concernant les relations, les soins et l'ensemble des contextes sociaux et sociétaux, le vivre ensemble, le "faire société".


Et si faire du sport ou avoir une activité physique plus importante, plus régulière est évidemment une bonne chose pour chacun d'entre nous, personne ne peut dire le contraire, nous devrions peut-être nous saisir du sport comme un accélérateur pour penser les transitions : 

- Transitions dans la ville (infrastructures, métropoles, monde péri-urbain, etc)

- Transitions liées à la santé et au rapport au corps

- Transitions liées au travail


Nous pourrions comme l'avait dit en son temps Jonas Salk nous efforcer d'être de "bons ancêtres"

mercredi 15 février 2023

DE QUOI LE MOT "SPORT" EST-IL LE NOM ?

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 seront réussis si et seulement si "un peu plus de 3 milliards de personnes" acceptent de rester assises dans leur canapé pour les regarder si possible sur une télévision Panasonic, avec un smartphone Samsung dans les mains qui leur permettra d'acheter via le réseau Orange sur le site d'Alibaba.com des choses dont ils n'ont probablement pas vraiment besoin en payant avec leur carte Visa, tout en buvant un Coca Cola


Bref les Jeux Olympiques seront réussis si ces "un peu plus de 3 milliards de personnes" sont sédentaires. 


Mais dans l'imaginaire collectif les Jeux Olympiques c'est du sport, quand bien même celles ou ceux qui feront du sport ne seront guère nombreux face à ces "un peu plus de 3 milliards de personnes" dont on espère qu'elles seront sédentaires.


Quand une région ou une commune dépense chaque année des sommes importantes de son budget pour avoir le droit d'apposer son logo sur le maillot d'une équipe de sport professionnelle locale, est-ce qu'elle finance le sport ou est-ce qu'elle fait de la com ? Et pourtant ne nous dit-on pas qu'elles, cette région ou cette commune, financent alors le sport ?


Comme nous le rappelions récemment, les lieux de sports ne sont-ils pas surtout des lieux de sédentarité et le sport ne doit-il pas se penser dans des espaces non-sportifs ?


Et si le stade, olympique ou non, n'était finalement et essentiellement qu'un lieu de sédentarité quand le hors-stade serait lui le lieu du sport pour chacune ou chacun ?


Pas facile comme questions...


Pas facile parce que lorsqu'il s'agit de construire un héritage aux Jeux Olympiques de Paris 2024, il faut dépasser ce paradoxe, repenser les modèles sur lesquels on peut s'appuyer, réinventer le concept de sport et se rendre compte que le sport de haute performance n'est probablement pas le bon moteur ou la bonne entrée en matière qu'on imagine communément pour engager le dialogue avec chaque citoyenne ou citoyen.


Accessoirement cela explique l'échec des éditions précédentes des Jeux Olympiques à engager dans une pratique régulière des activités physiques ou sportives le plus grand nombre.


De quoi le mot "sport" est-il le nom ?

lundi 13 février 2023

C'EST QUOI UN SPORT ?

C'est quoi un sport  ?


On insiste sur le "un" parce que la question n'est pas "c'est quoi le sport ?", question à laquelle il n'y a pas vraiment de réponse puisque y compris le "code du sport" qui regroupe l'ensemble des textes législatifs et réglementaires qui régissent le sport en France, ne définit pas son objet.


La question est donc bien : "C'est quoi un sport ?"


Depuis longtemps et aujourd'hui encore dans une grande majorité des cas, il suffit pour s'en convaincre de lire les Projets Sportifs Territoriaux - un sport est perçu dans l'imaginaire collectif comme une forme de "sainte trinité sportive" classique : 

- un lieu de pratique, 

- un encadrant 

- un pratiquant. 


C'est cette "sainte trinité sportive" qui fonde le concept de club.


Ainsi, le handball c'est un 40x20, un entraîneur/éducateur et des pratiquants


L'athlétisme c'est une piste ou une aire de lancers ou de sauts, un entraîneur et des gens qui courent, lancent, sautent 


La natation c'est une piscine, un maitre-nageur/entraîneur et quelqu'un ou quelqu'une qui fait des longueurs...


Sauf que voilà nos sociétés mutent depuis l'avènement du numérique à la fin du XXe siècle.


La notion de "lieu de pratique", si elle perdure évidemment devient de plus en plus floue, mais cela est vrai de tous nos "lieux" traditionnels hérités du XIXe siècle : lieux de travail, d'éducation, de loisir... 


Tous ces lieux qui jusqu'alors étaient à peu près bien définis, le sont de moins en moins et c'est désormais chacun d'entre nous qui définit le lieux de son travail, de son éducation de ses loisirs et donc de son sport.


Voir à ce sujet notre récent "Et si désormais c'était le sportif qui faisait l'infrastructure ?"


La notion d'encadrant devient elle aussi un peu moins précise à mesure que nos nouvelles technologies s'affinent. Alors qu'historiquement d'anciennes sportives (peu) ou d'anciens sportifs (plus nombreux) fins techniciens de leur discipline, s'engageaient dans un parcours plus ou moins long qui faisait d'eux des "éducateurs sportifs" puis des "entraîneurs", le concept s'est un peu brouillé à la toute fin de XXe siècle et depuis quelques années ce sont des assistants numériques qui graduellement prennent position dans le paysage, vagues outils numériques automatisés et, mais faut-il le rappeler, automatiser une tâche c'est faire disparaître peu ou prou celles ou ceux qui assumaient préalablement cette tâche... 


"Un sport" risque bien dans un avenir proche de n'être plus défini que par le/les "pratiquant(s)" [notons que celui-ci/ceux-là mutent encore plus vite], ça veut/voudra dire quoi pour le mouvement sportif français et pour les collectivités territoriales ? 


Ça vaut le coup d'y réfléchir parce qu'à l'évidence ces mutations élargissent le concept de ce qu'est "un sport" et ne pas s'y préparer c'est prendre le risque d'être marginalisé dans le nouveau paysage du sport qui se construit sous nos yeux !