dimanche 28 janvier 2024

ET SI LA DANSE DEVENAIT UNE PORTE D'ENTRÉE SUR LE SPORT ?

Notre bon camarade Patrick Bayeux nous signale fort opportunément que le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse a précisé via Eduscol les contenus qu'il convient de mettre en oeuvre dans le cadre des 30 minutes d'activité physique quotidienne en complément de l’EPS (voir  )


Chacun se fera une opinion mais cela confine tout de même au pensum ce machin-là : un peu d'hygiénisme petit-bras (voir ) et quelques vagues éléments de "culture" olympique, rien de très enthousiasmant susceptible de changer la donne et d'engager durablement les gamins dans une activité physique porteuse de sens à laquelle ils participeraient avec joie, bonheur et légèreté


Cet horizon un peu terne qu'on leur propose et qu'on propose à leurs enseignant, risque de nous faire manquer la cible d'une ambition louable et nécessaire : faire des élèves français des gamins bien dans leur corps et dans leur tête.


On aurait peut-être dû mieux écouter le Président de la République qui, discours après discours, ne manque jamais une occasion de rappeler l'importance de la poésie à l'école.


Corps en mouvement et poésie, cela porte un nom : la danse.


Mais de danse il n'est nullement question dans les fiches d'activités proposées aux enseignants, hélas.


Hélas car quoi de mieux que des corps éloquents qui jubilent et s'épanouissent dans l'expérience de la danse ? 


Quoi de plus riche et de plus engageant que de faire l'expérience du monde et des autres avec son corps qui danse ? 


Quoi de plus enthousiasmant que d'apprendre à exprimer et à s'exprimer avec son corps ?


Ce n'est pas comme si la danse ne faisait pas partie d'une culture déjà présente dans la vie de tous les jours des gamins français, la culture hip-hop a ceci d'intéressant qu'elle est une porte d'entrée aisée, connue, familière pour un grand nombre de gamins qui souvent à notre insu et à l'insu des institutions, se forgent une vraie expérience de la danse, le reconnaître pour y prendre appui serait une belle manière d'engager un dialogue fructueux avec eux.


Il y a probablement plus à apprendre dans un film comme "Rize" de David LaChapelle que dans beaucoup de manuels de pédagogie


Entrer dans le "cercle de la danse" pour y "danser debout" est infiniment plus porteur de sens pour les gamins d'aujourd'hui que de courir quelques minutes dans le seul but de courir quelques minutes.


Et si nous offrions aux gamins des écoles françaises la possibilité d'apprendre à s'exprimer par le mouvement ? 


D'apprendre à affronter et ne plus avoir peur du regard des autres par la danse ? 


De s'élever physiquement et intellectuellement par le bonheur qu'il y a à tracer des courbes dans l'espace avec son corps ? 


De se forger une bonne santé par une activité porteuse de sens ?


30 mn de danse par jour ? 


Et pourquoi pas ?

dimanche 14 janvier 2024

ET SI ON CHANGEAIT NOTRE RAPPORT À LA PERFORMANCE ?

L'horizon du sport en France est actuellement tout entier occupé par les Jeux Olympiques et Paralympiques


Certes il y a bien quelques velléités hygiénistes ici ou là mais le mode exclusivement alarmiste selon lequel elles sont déployées, les condamne à l'inefficacité.


Nous nous intéressons à l'horizon de ces Jeux Olympiques et Paralympiques car il est vrai que s'ils n'ont pas toujours existé, il n'y a, a priori, aucune raison qu'ils existent toujours.


Peuvent-ils disparaître ?


Beaucoup en doutent, mais nombreux sont celles ou ceux qui sentent bien qu'il faut qu'ils évoluent. 


L'aspiration à une rénovation en profondeur grandit et pas seulement en France.


Oui mais comment ?


C'est peut-être notre rapport au concept de performance qui va précipiter ce changement. 


Nous sommes passés depuis quelques dizaines d'années, d'un monde où les humains étaient peu nombreux et les ressources étaient abondantes à un monde ou les ressources se raréfient pendant que les humains sont particulièrement abondants.


Si dans ce monde d'humains rares et de ressources abondantes la performance pouvait trouver sa place, distinguant très peu de personnes en consommant beaucoup de ressources, aujourd'hui la consommation excessive  de ressources pour un nombre très limité de personnes devient anachronique et pourrait de plus en plus être rejetée par des populations dont le souci sera graduellement et de plus en plus d'essayer de trouver collectivement les moyens de durer et de perdurer. 


La performance par son coût en ressources et la fragilité qu'elle induit inévitablement apparaissant comme opposée au besoin de partage de ces ressources et la rusticité/solidité requises pour perdurer ensemble sur une planète dont on sait les ressources limitées.


Mais si on abandonne le culte de la performance qu'adviendra-t-il de ses célébrations (elles aussi fort couteuses en ressources) au premier rang desquelles les Jeux Olympiques et Paralympiques ?


Dans les faits nous nous sommes déjà engagés sur ce chemin de l'abandon de la performance au profit d'un sport tout aussi enthousiasmant


Il ne s'agit pas d'abandonner la compétition qui conserve beaucoup de vertus (quand bien même certains ne veulent voir que ses défauts) mais de la repenser, car entre la fascination des uns qui confine parfois à l'aveuglement et le rejet tout aussi aveugle des autres, il existe une autre voie pour le sport et la compétition. 


Il suffit pour s'en rendre compte de voir combien les nouvelles épreuves mixtes ont de succès. 


La mixité ou plutôt les mixités car il y a encore beaucoup de mixités à inventer, peuvent nous permettre de repenser un sport qui redeviendrait jeu et qui nous ouvrirait de nouveaux horizons plus respectueux et soutenables et in fine plus socialement acceptables dans un contexte où bâtir du commun sera plus important que de célébrer des héros anachroniques.


Nous pouvons choisir, ou subir …