mercredi 28 février 2024

C'EST QUOI LA FIGURE DU SPORTIF DEMAIN ? ÉLÈVE ? PATIENT ? FIDÈLE ?

Lorsqu'on parle de développement des pratiques physiques ou sportives, on évoque de façon régulière depuis des dizaines d'années maintenant, et particulièrement, à nouveau depuis quelques années, l'école et donc les élèves


Il s'agit de transformer l’élève en une sportive ou un sportif ou à tout le moins, en une ou un élève actif physiquement.


À l'évidence, on n'y arrive pas puisque depuis de nombreuses années également, à grand renfort d'études, de rapports ou de cris d'alarme, on nous explique que les élèves ne font pas assez d’activités physiques ou de sport et que cela nuit gravement à leur santé.


Reste que, et c'est l’INJEP qui nous le dit , vers l'âge de dix ans, il y a plus de licences sportives que de petits garçons dans la population française, je ne sais pas si l'école joue un rôle dans cette situation, mais à l'évidence, en plus de l'école, une grande majorité de gamins fait du sport en club.


Or donc, et depuis quelques années également, puisque nous sommes en mauvaise santé parce que l'école faillit à nous faire faire du sport, les médecins se sont emparés du problème, et il faut bien le dire lors des réunions sur ce sujet, on entend de plus en plus parler de "patient" à propos de développement des pratiques physiques ou sportives. 


Certes les spécialistes qui parlent de "patients" se reprennent vitre pour préciser "personnes" mais le vocable "patient" s'installe régulièrement dans le paysage de sport. Or on peut penser que quand bien même quelqu'un ne ferait pas de sport, qu'il n'en deviendrait pas nécessairement pour autant un "patient".


Récemment, et c'est une résurgence de temps plus anciens où les patronages faisaient face aux amicales laïques, on a vu apparaître une nouvelle appellation : le "fidèle", marquant ainsi le grand retour du religieux sur la scène sportive (voir,  et ). Faut-il se questionner à ce sujet ?


Entre l'élève, public captif s'il en est, dépendant d'un maître, le "patient", public dépendant d'une science qui le domine (pour son bien) et le "fidèle", public soumis de son plein gré, à une croyance et donc à des clercs, on peut s'interroger sur ces stratégies de développer la pratique sportive par l'injonction et la soumission.


Il semble que la pratique sportive est surtout et avant tout, affaire de liberté individuelle, ce truc qui souvent gène les pouvoirs quels qu'ils soient et qu'insidieusement parfois on essaye de restreindre, pour notre bien, bien sûr !


Cultiver, renforcer, éduquer à la liberté, une autre manière de faire des politiques publiques de développement des pratiques physiques ou sportives ?


C'est un des nombreuses questions que nous aborderons le 13 mars prochain lors des septièmes Rencontres de la Prospective Sportive ® organisées autour de la question "Et si demain les religions changeaient le sport ?"

mardi 13 février 2024

ET SI LE SPORT DEVAIT CHANGER DE SYSTEME RELIGIEUX ?

Au sein du de Prospective Sport Lab ®  nous travaillons entre autres sur la question des futurs grands récits du sport, et notamment sur la façon dont les croyances religieuses pourraient inventer de nouveaux grands récits sportifs.


Cette réflexion vient du constat évident que les grands récits qui ont accompagné le sport au XX° siècle ne fonctionnent plus.


Il était évidement tentant dans le cadre de cette démarche de s’intéresser au religieux.


Car les religions sont depuis des millénaires les plus grands émetteurs de récits.


Ce qui fait même dire à certains que "toutes les religions sont des fictions".


Toutes les religions ont du raconter de belles histoires pour séduire.


D’où notre question : les grands systèmes religieux peuvent-ils nous aider à penser les grands récits sportifs du futur ?


Nous avons tenté de répondre ci-dessous


C'est un premier jet qui mérite bien évidement d'être affiné.


Le sport lors de sa création à la fin du XIX° s’assimilerait à une religion monothéiste.


- Un dieu : l’athlète.

- Un temple : le stade.

- Un idéal : la victoire.

- Un système : les fédérations.


C'était le système dominant jusqu'au début des années 70.


A la fin du XX° siècle, avec l’explosion des pratiques libres, le sport s’assimilerait à une religion polythéiste.


- Il n’y a plus un dieu, mais plusieurs dieux (du champion à l'amateur).

- Il n’y a plus un temple, mais une multitude. On peut pratiquer partout.

- Un idéal : la participation et le jeu. 

- Un système : les grandes marques commerciales.


C'est le système dominant actuel, mais que si cherche de nouvelles références et de nouvelles promesses.


Notre hypothèse est que la catastrophe écologique va obliger le sport à se réinventer et à repenser ses finalités autour d'un nouveau grand récit.


Le sport qui s'est pensé jusque-là autour du salut de l'homme, pourrait se penser dorénavant autour du salut du vivant, de tout le vivant .


Le sport deviendrait alors animiste.


- L’homme ne sera plus au centre de tout, il ne sera qu’un élément du vivant.

- La nature a remplacé le temple.

- L’idéal : pratiquer sans abimer le vivant.

- Le système : à construire ...


Cette réflexion se fait dans cadre de la préparation des prochaines Rencontres de la Prospective Sportive ® qui auront lieu le 13 mars prochain autour de la question "Et si demain les religions changeaient le sport ?"

dimanche 11 février 2024

C’EST QUOI DEMAIN L’INCARNATION DANS LE SPORT ?

L’incarnation est au coeur de nos imaginaires occidentaux.


Ce concept éminemment théologique, est fondateur pour le christianisme le : "ceci est mon corps ».


Il l'est aussi pour la République qui naissante s'incarnait déjà en une Marianne qui ne nous a pas quitté depuis.


L’incarnation a pris une place centrale également dans le sport, à la fois au sens propre : on s'entraîne pour façonner son corps, le muscler, le préparer à l'épreuve sportive mais également au sens figuré : le corps performant de la sportive ou du sportif incarne un modèle, un idéal, un culte parfois. 


L'athlète par son corps qui vient régulièrement dépasser des frontières dont on doutait qu'un jour un humain soit capable de les franchir, incarne une manière d'avant-garde de l'espèce humaine, conquérants de l'inutile diront certains.


L'émergence massive sur la scène sportive internationale des pays du Moyen-Orient ou d'Asie : Arabie Saoudite, Inde ou Indonésie par exemple, va peut-être venir bouleverser nos imaginaires sportifs.


Nous nous étions déjà posé de nombreuses questions lors des dernières Rencontres de la Prospective Sportive ® : "Et si le Sport se réinventait ailleurs qu'en Occident ?" comme par exemple est-ce que ce sont les pays d'Asie qui s'occidentalisent via le sport ou est-ce que le sport majoritairement occidental évolue au contact d'autres cultures ? 


Que sera l'influence de l'arrivée sur le devant de la scène de pays où la religion musulmane est soit majoritaire soit très pratiquée sur nos imaginaires sportifs ? 


Quel sera l'influence d'imaginaires pour lesquels l’incarnation ne fait pas sens sur le sport occidental ?


Lorsque "ceci est mon corps" ne signifie plus rien, que devient "ceci est mon sport" ?


Nous y réfléchirons lors des prochaines Rencontres de la Prospective Sportive ® qui se tiendront comme d'habitude au Petit Bain à Paris le 13 mars prochain de 8h30 à 12h30 et auront pour thème : "Et si demain, les religions changeaient le sport ?"


C'est toujours gratuit, mais il faut s'inscrire en envoyant "je viens" avec vos nom et prénom à francois.bellanger@gmail.com

dimanche 28 janvier 2024

ET SI LA DANSE DEVENAIT UNE PORTE D'ENTRÉE SUR LE SPORT ?

Notre bon camarade Patrick Bayeux nous signale fort opportunément que le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse a précisé via Eduscol les contenus qu'il convient de mettre en oeuvre dans le cadre des 30 minutes d'activité physique quotidienne en complément de l’EPS (voir  )


Chacun se fera une opinion mais cela confine tout de même au pensum ce machin-là : un peu d'hygiénisme petit-bras (voir ) et quelques vagues éléments de "culture" olympique, rien de très enthousiasmant susceptible de changer la donne et d'engager durablement les gamins dans une activité physique porteuse de sens à laquelle ils participeraient avec joie, bonheur et légèreté


Cet horizon un peu terne qu'on leur propose et qu'on propose à leurs enseignant, risque de nous faire manquer la cible d'une ambition louable et nécessaire : faire des élèves français des gamins bien dans leur corps et dans leur tête.


On aurait peut-être dû mieux écouter le Président de la République qui, discours après discours, ne manque jamais une occasion de rappeler l'importance de la poésie à l'école.


Corps en mouvement et poésie, cela porte un nom : la danse.


Mais de danse il n'est nullement question dans les fiches d'activités proposées aux enseignants, hélas.


Hélas car quoi de mieux que des corps éloquents qui jubilent et s'épanouissent dans l'expérience de la danse ? 


Quoi de plus riche et de plus engageant que de faire l'expérience du monde et des autres avec son corps qui danse ? 


Quoi de plus enthousiasmant que d'apprendre à exprimer et à s'exprimer avec son corps ?


Ce n'est pas comme si la danse ne faisait pas partie d'une culture déjà présente dans la vie de tous les jours des gamins français, la culture hip-hop a ceci d'intéressant qu'elle est une porte d'entrée aisée, connue, familière pour un grand nombre de gamins qui souvent à notre insu et à l'insu des institutions, se forgent une vraie expérience de la danse, le reconnaître pour y prendre appui serait une belle manière d'engager un dialogue fructueux avec eux.


Il y a probablement plus à apprendre dans un film comme "Rize" de David LaChapelle que dans beaucoup de manuels de pédagogie


Entrer dans le "cercle de la danse" pour y "danser debout" est infiniment plus porteur de sens pour les gamins d'aujourd'hui que de courir quelques minutes dans le seul but de courir quelques minutes.


Et si nous offrions aux gamins des écoles françaises la possibilité d'apprendre à s'exprimer par le mouvement ? 


D'apprendre à affronter et ne plus avoir peur du regard des autres par la danse ? 


De s'élever physiquement et intellectuellement par le bonheur qu'il y a à tracer des courbes dans l'espace avec son corps ? 


De se forger une bonne santé par une activité porteuse de sens ?


30 mn de danse par jour ? 


Et pourquoi pas ?

dimanche 14 janvier 2024

ET SI ON CHANGEAIT NOTRE RAPPORT À LA PERFORMANCE ?

L'horizon du sport en France est actuellement tout entier occupé par les Jeux Olympiques et Paralympiques


Certes il y a bien quelques velléités hygiénistes ici ou là mais le mode exclusivement alarmiste selon lequel elles sont déployées, les condamne à l'inefficacité.


Nous nous intéressons à l'horizon de ces Jeux Olympiques et Paralympiques car il est vrai que s'ils n'ont pas toujours existé, il n'y a, a priori, aucune raison qu'ils existent toujours.


Peuvent-ils disparaître ?


Beaucoup en doutent, mais nombreux sont celles ou ceux qui sentent bien qu'il faut qu'ils évoluent. 


L'aspiration à une rénovation en profondeur grandit et pas seulement en France.


Oui mais comment ?


C'est peut-être notre rapport au concept de performance qui va précipiter ce changement. 


Nous sommes passés depuis quelques dizaines d'années, d'un monde où les humains étaient peu nombreux et les ressources étaient abondantes à un monde ou les ressources se raréfient pendant que les humains sont particulièrement abondants.


Si dans ce monde d'humains rares et de ressources abondantes la performance pouvait trouver sa place, distinguant très peu de personnes en consommant beaucoup de ressources, aujourd'hui la consommation excessive  de ressources pour un nombre très limité de personnes devient anachronique et pourrait de plus en plus être rejetée par des populations dont le souci sera graduellement et de plus en plus d'essayer de trouver collectivement les moyens de durer et de perdurer. 


La performance par son coût en ressources et la fragilité qu'elle induit inévitablement apparaissant comme opposée au besoin de partage de ces ressources et la rusticité/solidité requises pour perdurer ensemble sur une planète dont on sait les ressources limitées.


Mais si on abandonne le culte de la performance qu'adviendra-t-il de ses célébrations (elles aussi fort couteuses en ressources) au premier rang desquelles les Jeux Olympiques et Paralympiques ?


Dans les faits nous nous sommes déjà engagés sur ce chemin de l'abandon de la performance au profit d'un sport tout aussi enthousiasmant


Il ne s'agit pas d'abandonner la compétition qui conserve beaucoup de vertus (quand bien même certains ne veulent voir que ses défauts) mais de la repenser, car entre la fascination des uns qui confine parfois à l'aveuglement et le rejet tout aussi aveugle des autres, il existe une autre voie pour le sport et la compétition. 


Il suffit pour s'en rendre compte de voir combien les nouvelles épreuves mixtes ont de succès. 


La mixité ou plutôt les mixités car il y a encore beaucoup de mixités à inventer, peuvent nous permettre de repenser un sport qui redeviendrait jeu et qui nous ouvrirait de nouveaux horizons plus respectueux et soutenables et in fine plus socialement acceptables dans un contexte où bâtir du commun sera plus important que de célébrer des héros anachroniques.


Nous pouvons choisir, ou subir …