samedi 5 octobre 2024

ET SI L'ÉTAT ESSAYAIT DE DÉFINIR UN PEU MIEUX LA PERFORMANCE SPORTIVE ?

De quoi le mot "performance" est-il le nom ?


De prime abord cela peut paraître évident, mais en est-on si sûr ?


Le mot performance a pris beaucoup de place depuis quelques années dans le langage institutionnel du sport français, notamment dans les désignations de fonctions.


Ainsi, alors que pendant très longtemps le ministère des Sports s'était doté d'une structure de "préparation olympique" celle-ci est devenue, de manière assez cocasse il faut bien le dire, une "mission d'optimisation de la performance" sans qu'on ne nous ait expliqué alors ce que l'on entendait par performance ni en quoi celle-ci pourrait être optimisée. Cette mission a aujourd'hui disparu au profit du pôle haute performance et haut niveau de l’Agence Nationale du Sport


Où l'on a découvert donc que la performance est désormais "haute", à défaut d'être optimisable et qu'elle est différente du "haut niveau" et que pour diriger tout cela, nous nous sommes doté d'un manager général de la haute performance, celui-ci vient de changer il y a quelques jours (voir ).


Le précédent avait d'ailleurs beaucoup insisté dès sa nomination pour que dans les fédérations sportives olympiques ou paralympiques, apparaissent des "directeurs de la performance" dont il voulait qu'ils fussent ses interlocuteurs privilégiés plutôt que les historiques DTN, cela n'avait pas manqué de provoquer quelques frictions.


On notera également que peu de temps avant la création de l’Agence Nationale du Sport en 2017, le ministère des Sports s'était lui-même doté d'un "délégué ministériel à la haute performance sportive", instituant ainsi ce concept de "haute performance sportive" qui s'est peu à peu substitué au concept de "haut niveau" qui fondait jusqu'alors les politiques publiques.


À défaut d'avoir défini le concept de "performance" (mais on n'a pas défini celui de sport non plus...) peut-être pouvons-nous espérer la mieux comprendre en regardant comment on la mesure, comment on l'évalue ? Là encore, rien de très précis...


On me rétorquera que la médaille d'or pourrait faire un étalon tout à fait acceptable... 


Mais alors que penser à l'issue des JO de Paris 2024 de ces sportifs talentueux, qui n'ont du leur participation qu'aux quotas "pays hôtes" qui se sont vu remettre une médaille d'or sans même concourir ? 


Que penser également de ces jeunes nageuses artistiques françaises, dont nous avons toutes et tous salué la formidable performance et qui n'ont pas été médaillées ? (voir, )


"Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde", écrivait Camus en 1944, il n'y a pas grand risque de malheur dans notre petite affaire de performance, mais si elle doit faire l'objet d'une, alors la bien définir permettrait peut-être d'optimiser la dépense publique...


On en reparlera, le jeudi 10 octobre prochain lors des huitièmes Rencontres de la Prospective Sportive ® organisées autour de la question "Et s'il était urgent de redéfinir la performance sportive ?

mardi 24 septembre 2024

ET SI DEMAIN, LE SPORT DEVENAIT LE TEMPS DE LA NON-PERFORMANCE ?

La performance a mangé le monde.


Aucun secteur n'est épargné.


Il faut être performant partout et tout le temps.


C'est devenu une véritable obsession dans le monde du travail.


Le sport de haut niveau est devenu la référence dans le monde de l'entreprise.


Ça, c'est l'histoire actuelle.


L'histoire dominante.


Sport = performance.


Mais si on décide de casser ce schéma, et que l'on commence à faire d'autres hypothèses pour associer le sport à d'autres valeurs que la performance, alors ...


Alors, s'ouvrent de formidables pistes de réflexions. 


Et notamment celle de la possibilité de renverser totalement les codes, en se demandant, par exemple, et si demain le sport devenait le temps qui permet d'échapper à l'obsession de la performance ?


Beau sujet de réflexion, non ?


On y reviendra forcément le 10 octobre prochain lors des huitièmes Rencontres de la Prospective Sportive ® organisées autour de la question "Et s'il était urgent de redéfinir la performance sportive ?

Pour l'inspiration "Mangez, bougez, jouissez", voir .

vendredi 20 septembre 2024

ET SI LE 10 OCTOBRE, VOUS VENIEZ RÉFLÉCHIR À LA PERFORMANCE SPORTIVE ?

Les huitièmes Rencontres de la Prospective Sportive ® auront lieu le 10 octobre 2024 de 8h30 à 13h00 au Petit Bain à Paris autour de la question :

 Et s'il était urgent de redéfinir la notion de performance sportive ?

Notre grand témoin sera Francis DISTINGUIN, en charge de la formation des entraîneurs à la performance au Centre National d'entraînement en Altitude de Font-Romeu (CNEA) qui interviendra autour de la question "Et si la performance était ce qui n'existait pas encore ?"


Notre deuxième intervenant sera Patrick ROULT, chef du pôle Haut Niveau de l'INSEP qui, lui, interviendra autour de la question "Et si la performance n'avait rien à voir avec le haut niveau ?"

Avec notre troisième invitée Violaine BACCIALONE, spécialiste des relations entre sport et performance durable, nous essaierons de voir comment les notions de durabilité et de robustesse pourraient réinterroger la notion de performance.

Ces Rencontres s'inscrivent dans le prolongement de notre chantier "C'est quoi penser la performance ?" lancé en 2014.

Pour vous inscrire, il suffit d'envoyer un mail à francois.bellanger@gmail.com en disant "Je viens".

lundi 2 septembre 2024

ET SI LA FRANCE DEVENAIT AUSSI AMBITIEUSE QUE LA HOLLANDE ?

Alors que chez les experts (souvent auto-proclamés) on continue d'ergoter pour savoir si la France est une nation sportive, question de benêts et absolument sans intérêt tant qu'on n'aura pas défini ce que pourrait être ou ne pas être une nation sportive, d'autres, comme les Pays-Bas, se sont donné comme objectif de devenir d'ici à 2032, la nation la plus sportive du monde, rien moins...


Les Pays-Bas sont-ils seulement une nation sportive ?


Les mêmes experts que ceux évoqués plus haut ne manqueront pas de se précipiter pour nous affirmer que oui, assurément, les Pays-Bas sont une grande nation sportive.


Pourtant, ils n'ont pas autant de grandes épreuves sportives de dimension mondiale comme le Tour de France cycliste, les 24 heures du Mans, le Vendée Globe ou encore l'UTMB


Les gamins néerlandais sont proportionnellement plus nombreux à quitter leur pays pour aller chercher la félicité sportive aux USA ou ailleurs, dont en France par exemple, serait-ce à dire que leur système d'enseignement est peu favorable à la pratique sportive, singulièrement celle de haut niveau ? 


Les Pays-Bas sont en outre assez systématiquement classés derrière la France au classement des Jeux Olympiques d'été. Et l'on pourrait continuer la liste à l'envi mais comme on ne nous dit jamais ce qu'est une nation sportive...


Donc eux seraient une nation sportive et pas la France ???


Ce qui est intéressant dans leur plan stratégique (voir, ) c'est que ce qui est mis en avant dans la manière de devenir la plus sportive des nations du monde c'est : "faire que chaque citoyen se sente bien accueilli quelque soit le sport qu'il a choisi de pratiquer"


Foin des médailles, des structures de haut niveau et autres dispositifs élitistes, c'est par l'accueil de toutes et tous que les néerlandais veulent faire de leur pays la nation la plus sportive du monde.


On en parle en France de l'accueil de toutes et tous et donc de chacune et de chacun dans la pratique sportive ?


On pourrait, non ?

mardi 13 août 2024

ET SI LA NOTION DE MILLIÈME N'AVAIT PLUS VRAIMENT DE SENS ?

Lors des JO de Paris 2024, l'excellent Noah Lyles est devenu champion olympique du 100 m en 9 sec 79 centièmes.


Pour mieux connaître ce sympathique garçon, on ne saurait trop conseiller le documentaire : "Sprint - The world's fastest humans" sur Netflix. 


Le non moins excellent Kishane Thompson est quant à lui devenu vice-champion olympique du 100 m en 9 sec 79 centièmes.


Le même temps 9 sec et 79 centièmes et effectivement, ils sont, à l'évidence, arrivés en même temps.


Mais en fait non, le premier est arrivé au bout de la ligne droite en 9 sec et 784 millièmes quand le second a mis 9 sec et 789 millièmes pour franchir la ligne d'arrivée.


5 millièmes de seconde les séparent, 5 millièmes de secondes permettent de les séparer et de dire lequel est le premier, a gagné, est champion (c'est formidable) et lequel est le second, a perdu et n'est que vice-champion (c'est formidable aussi mais un peu moins quand même).


Dont acte !


Sauf que 5 millièmes de seconde ce n'est pas une mesure humaine, c'est une mesure machine


L'humanité, notre humanité, est dissoute dans ces 5 millièmes de secondes. 


Ces 5 millièmes de seconde n'ont aucun sens, aucune intelligibilité à l'échelle humaine.


Notre humanité ne se mesure pas au millième de seconde, parce que nous autres humains sommes incapables d'imaginer ou de percevoir ce que peut être un millième de seconde.


Le millième de seconde est une abstraction machinique.


Ce n'est donc pas l'humain que l'on célèbre, c'est la machine que l'on célèbre, sa capacité de mesure à un niveau de précision qui dépasse notre entendement.


Mais voilà, il faut distinguer Noah de Kishane, il faut dire un premier et dire un second, alors on prend le risque d'abandonner notre humanité pour nous en remettre à la machine.


C'est la machine qui décide !


De là à ce que la machine nous impose un jour, il n'y a qu'un pas...


Qu'est-ce que cela dit de nous ?


Nous en reparlerons dans le cadre des huitièmes Rencontres de la Prospective Sportive ® organisées le 10 octobre dont le thème sera : " Et s'il était urgent de redéfinir la performance sportive ?"

dimanche 4 août 2024

ET SI L'ATHLÉTISME RENTRAIT DANS L'ÈRE DU DOPAGE TECHNOLOGIQUE ?

Le 3 août, Femke Bol a donné une formidable victoire aux Pays-Bas dans le relais 4 x 400  mixte des Jeux de Paris 2024 - voir sa course, .


Beaucoup d'observateurs pensent que cette spécialiste du 400 m haies, championne du monde en titre, pourrait bien à la faveur des J.O  battre le record du monde de la distance, grâce à son talent bien sûr, mais aussi grâce à ses chaussures - voir : "It's show time : inside the super site par driving world records at Olympics".


Les évolutions technologiques des pointes d'athlétisme défraient la chronique depuis quelques années et si Nike semblait avoir pris une avance considérable que ce soit dans le domaine des chaussures de pistes que dans celui des chaussures de course sur route, ce n'est plus le cas désormais, Adidas, New Balance ou Puma, font désormais jeu égal avec des avantages concurrentiels certains.


Un article récent montre que le gain de ces pointes d'athlétisme de nouvelle génération est d'environ 2% - voir : "Study shows that "super spike" can increase track running speed by 2%"


Cela fait dire à Kenenisa Bekele, que les records qui sont battus désormais, ne sont pas de la même nature que ceux de son époque, que la technologie change le sport : les plaques de carbones, les pointes mais également les cadenceurs électroniques à led qui "mènent" l'allure des athlètes, faussent et changent la nature du sport lui-même, une manière de « dopage technologique » ...


Voir sur cette question :


- "How technology is distorting modern track world records"


- "Technological advances in elite sport : where does one draw the line ?"


Combien de records du monde lors de Paris 2024


Nous verrons bien.


Reste que les firmes d'équipements sportifs investissent des millions de dollars chaque année pour que leurs athlètes montent sur la plus haute marche des podiums grâce aux quelques centièmes voire millièmes de seconde grappillés ici ou là, cela a-t-il encore un sens ?


Nous en reparlerons dans le cadre des huitièmes Rencontres de la Prospective Sportive ® organisées le 10 octobre dont le thème sera : " Et s'il était urgent de redéfinir la performance sportive ?"