mardi 26 janvier 2021

ET SI ON CONFIAIT LA GESTION DES FEUX ROUGE À ADIDAS ?

 

Maintenant qu'il est évident que les villes soient devenues de stades .

Maintenant que les courses nocturnes se banalisent -  ou .

Maintenant que l'on connait de mieux en mieux les parcours des coureurs dans les villes - 

Maintenant que l'on tente d'élargir la notion de transport à celle de trans-sport ®.

Maintenant que l'on tente d'élargir la notion de mobilité à celle de motri-cité ®.

Maintenant que certaines villes recherchent un "active transportation street designer". 

Bref maintenant que les choses bougent, ne serait-il pas - enfin - temps de réfléchir à la signalétique urbaine sous le prisme du sportif ?

C'est ce que nous proposions déjà dans notre précédent post "Et si on confiait à Nike l'aménagement de nos rues ?"

Et dans ce cadre, pourquoi ne pas imaginer qu'à certains moments de la journée, les feux ne soient pas réglés pour faciliter la circulation automobile, mais au contraire pour faciliter la mobilité sportive ?

Paris, les feux sont calés pour laisser passer de façon prioritaire les tramways, pourquoi ne le ferait-on pas pour ceux qui ont une mobilité active ?

Cela pourrait notamment faciliter le développement du run commuting - .

Aujourd'hui les techniques existent pour développer cette approche.

La preuve avec la "Green Light Run" organisée par Adidas à Tokyo en 2017 et qui a consisté à organiser un marathon nocturne sans jamais bloquer la voie publique !!! 

Via un système connecté en temps direct, les feux passaient au rouge pour arrêter les voitures et ainsi laisser passer les coureurs. Ceux-ci ont pu parcourir leurs 42,195 km sans jamais s'arrêter !!! voir les détails, .

Reste à trouver une équipe municipale qui aura le courage de mettre en place dans un premier temps une telle expérimentation avec des groupes de coureurs, puis ensuite à l'installer de façon pérenne.

Sur ce sujet de l'intérêt d'intégrer la course à pied dans la politique des villes, voir "Et si la courrabilité devenait un critère d'analyse urbaine ?"

lundi 25 janvier 2021

ET SI ON CONFIAIT À NIKE L'AMÉNAGEMENT DE NOS RUES ?

Tu aimerais bien pouvoir jouer au frisbee dans la rue ... sauf que t'as pas le droit, car tu pourrais blesser quelqu'un.

Tu aimerais bien pouvoir courir et sauter comme un dingue dans la rue ... sauf que t'as pas le droit, car les rues n'ont pas été pensées pour cela.

Tu aimerais pouvoir sauter entre les bâtiments ou sur les échafaudages ... sauf que t'as pas le droit car c'est privé et que c'est dangereux.

Tu aimerais bien pouvoir jouer au tennis dans la rue ... sauf que t'as pas le droit car une de tes balles risque de casser une vitrine.

Tu aimerais pouvoir faire le con avec ton BMX dans les recoins sans voiture de ta ville .. sauf que t'as pas le droit car tu risques de bousculer une vieille

Bref, t'aimerais bien que ta ville elle ressemble à la promesse fait par Nike en Chine - 
 -, en Inde -  -, en Corée -  - ou dans les pays arabes -  -, c'est à dire que ta ville devienne vraiment un terrain de jeux dans lequel tu pourrais faire plein d'activités sportives librement, quand tu veux, comme tu veux et avec qui tu veux.

Ben oui, t'aimerais que ta ville permette de développer une véritable mobilité active.

Ben oui... mais, non.

La ville et les rues ne sont pas faites pour toi.

Les villes et les rues sont faites pour les piétons connectés, les cyclistes pépères, les motards speedés et les automobilistes impatients, mais pas pour toi avec ton short, tes baskets et tes raquettes...

D'ou notre question : et si on confiait à Nike l'aménagement de nos rues ? 

jeudi 21 janvier 2021

ET SI ON RÉINVENTAIT LE PENTATHLON POUR PENSER LA VILLE AUTREMENT ?

Faire de la prospective, c'est essayer de décaler les regards.

Faire de la prospective, c'est croiser des sujets et des approches très éloignées les unes de autres.

Faire de la prospective, c'est prendre un sujet, décider qu'il est dépassé et qu'il faut lui inventer un nouvel avenir.

C'est ce que nous tentons de faire dans ce post.

Le sujet, c'est le pentathlon moderne.

L'approche décalée, c'est la ville et ses façons de s'y déplacer.

Pourquoi le Pentathlon moderne ? 

Car ce sport qui regroupe cinq épreuves  - l’équitation, l’escrime, le tir, la natation et la course à pieds - a été crée par Pierre de Coubertin par référence à ce que devait pouvoir faire un soldat idéal à la fin du XIX° siècle.

La question posée est toute simple : si aujourd’hui on devait réinventer le pentathlon moderne, quelles seraient les épreuves qui devraient être retenues par référence à un soldat idéal du XXI° siècle ?

Sur ce nouveau mix d’épreuves, plusieurs remarques.

- Les remarques concernant directement les épreuves proposées

Comme le soulignait Patrick Roult en 2017 «le ministère français des sports, refuse pour le moment au crossfit, au parkour et au MMA une reconnaissance comme discipline sportive, de même ce n'est pas dans le giron du ministère des Sports que le eSport se structure en France, de fait ces 5 épreuves ne sont aujourd'hui pas considérées comme du sport !!
Et ce alors même que le Comité Olympique d'Asie vient d'annoncer qu'il y aurait des épreuves de d'eSport aux prochains "Asian Games"  (voir, et que la Fédération Internationale de Gymnastique réfléchit sérieusement à introduire une épreuve de Parkour dans son programme de compétition des JO de Tokyo en 2020 (voir, )"

Un manque de reconnaissance des pouvoirs publics français qui cependant évolue ce d'autant plus que ces pratiques "sportives" sont aujourd'hui très valorisées par un nouvel univers sportif en pleine croissance, celui des stages commandos d'inspiration militaire. Le phénomène apparu depuis une dizaine d'années aux Etats-Unis est, en effet, en pleine croissance actuellement en France, voir « Les Français en mode commando ». 

Un peu comme si la suppression du service militaire et la hausse de la menace terroriste avaient incité les Français (mais pas qu'eux) à s'intéresser de nouveau à la chose militaire, mais avec des références totalement nouvelles, celle des troupes d'élites.


- Les remarques concernant les nouvelles techniques militaires

Dans les épreuves que propose P. Roult, on reconnait cette mutation des imaginaires guerrier avec des épreuves directement inspirées de la nouvelle panoplie des troupes d’élite qui associe combat rapproché et maitrise des nouvelles technologies (le drone, la réalité virtuelle

Un imaginaire des troupes d’élites qui est en forte hausse depuis quelques années du fait de la nature des combats qui les met particulièrement en avant (voir, ) mais aussi au poids toujours plus important des jeux vidéo, et notamment de séries comme Call of Duty ou Ghost Recon qui déteignent sur la façon de penser le rôle du soldat. 

Le sociologue spécialisé dans les jeux vidéo Laurent Trémel rappelait récemment « Il y a aujourd’hui une ludicisation de la chose guerrière. D’un côté, la population est coupée des réalités militaires en raison de la professionnalisation des armées, et de l’autre, on lui présente les forces spéciales et leur matériel high-tech comme quelque chose de sexy, désirable. C’est une façon de fabriquer un mouvement d’esthétisation de la guerre qui contribue à en faire oublier la réalité » A ce sujet, voir "2 jeux / 2 guerres / 2 corps / 2 villes".


- Les remarques concernent notre façon de penser la ville et ses mobilités

A travers ce pentathlon moderne pourrait ainsi se dessiner une nouvelle façon façon de penser la mobilité urbaine.

Avec le pentathlon réinventé, non seulement je me déplace sportivement car « je suis en forme et je veux le rester", mais je démultiplie mon champs d’action et de vision pour penser et vivre ma mobilité et ma ville autrement.

- Avec le drone, mon corps prend une autre dimension car il voit plus loin et autrement - voir, "le drone, nouvelle prothèse de l'homme connecté ?"

- Avec le virtuel, la rue prend une autre dimension car j’y vois des choses invisibles à l’oeil nu mais pourtant bien réelles - voir, "c'est quoi un piéton connecté demain ?"

A partir de là on peut se demander si les épreuves de ce pentathlon réinventé ne devraient pas se dérouler dans une ville, plutôt que dans une enceinte sportive.

La ville est devenue un terrain de course depuis le milieu des années 70 avec Nike (), un terrain d’aventures extrêmes depuis le début des années 2000 avec Red Bull (), il serait peut être temps qu’elle devienne le terrain de jeu d’une nouvelle mobilité sportive multi-facettes et multi-modes pensées autour de l’individu mobile connecté et en phase avec les nouvelles technologies (drone, jeux vidéo ...).

On retrouverait alors l’esprit d’origine du pentathlon - celui de un athlète complet capable de gérer toutes les techniques de la mobilité - et ainsi un nouveau terrain d'expérimentation pour penser la mobilité et la ville de demain.

vendredi 15 janvier 2021

ET SI DEMAIN, LES ATHLÈTES AUGMENTÉS CHANGEAIENT LA VILLE ?

En 2017, l'Autoshow de Los Angeles avait organisé auprès des designers automobiles un concours sur la mobilité du futur.  

Le thème était "Comment imaginer l'accueil des J.O de 2060 à Los Angeles ?", avec un focus plus particulier sur les mariages possibles entre sports, mobilité et nouvelles technologies.

Parmi les réponses, celle proposée par l'équipe de Honda intitulée "Planetary Games"  - voir  était particulièrement originale et percutante.

L'équipe de Honda n'a pas simplement répondu voitures autonomes et drones, elles a répondu en proposant une nouvelle façon de penser et de faire du sport sous le double prisme de
- la mutation du corps 
et de
- la nécessité de renouveler les compétitions sportives traditionnelles, notamment en matière d'athlétisme et de natation.

On retrouve dans le film de Honda, un certain nombre des préoccupations et des réflexions que nous développons au depuis plusieurs années.

D'abord sur les évolutions des corps et des sports :
- "C'est quoi demain un corps humain ?"
- "C'est quoi penser la performance sportive ?"
- "Et si le sport dévorait le monde ?"

On retrouve aussi dans les images de Honda, un certain nombre d'évolutions que nous avions identifié depuis quelques temps sur le thème des nouvelles prothèses sportives dans les années à venir.

- "A quoi ressembleront nos futures prothèses ?"
- "Chaussure/prothèses : ca sera quoi demain la performance ?"
- "La prothèse comme idéal de mobilité performante ... et sexy ?"
- "La prothèse comme un truc bandant et excitant ?"

Enfin dans ces images, émergente certaines des grandes obsessions contemporaines japonaises notamment par rapport au corps augmenté et aux rôles des exosquelettes dans le futur - voir :  "Et si pour les japonais, la roue n'était qu'une parenthèse ?"

Enfin, la vision de Honda est aussi à mettre en écho avec tout le travail que déploie plusieurs années Red Bull pour totalement renouveler les rapports "sport / ville /performance / spectacle" - voir :

Tout cela est à mettre au prisme des réflexions que nous développons sur la façon dont les sports vont changer nos pensées sur la mobilité demain.
- "Et si demain nous pratiquions la ville comme un sport ?"

mardi 12 janvier 2021

C'EST QUOI DEMAIN, LE CORPS D'UN ATHLÈTE ?

Faire de la prospective sur le sport, c'est forcément s'intéresser au corps.

Et donc faire de la prospective sur le sport, c'est aussi faire de la prospective sur l'évolution du/des corps.

D'abord, parce que le corps des athlètes changent

Ensuite, car on peut faire l'hypothèse qu'il va continuer à changer et à se spécialiser.

Et enfin - et surtout - car on peut faire l'hypothèse que le sport de haut niveau est à l'aube d'une double révolution.

D'abord elle de la mutation des corps sous l'influence des prothèses pensées pour les athlètes handicapés - voir  notamment.

Ensuite celle de la génétique qui, dans quelques années, va faire passer le dopage pratiqué aujourd'hui hui sur le Tour de France, comme une aimable plaisanterie.

L'addition des deux révolutions - "nouvelles prothèses + nouvelles approches génétiques" - donnera, entre autres des mutations très bien décrites dans "Magic Blood and Carbon-Fiber Legs at the Brave New Olympics".

Si on ne garde que la révolution de la génétique, cela pourrait aboutir aux "Perfect, Freaky Olympic Bodiesci-dessous, entre fesses plates, crâne allongé et mains palmées comme l'avait imaginé le Wall Street Journal en 2016.

Aujourd'hui le corps d'un athlète est supposé être un corps modèle, un corps de référence, un corps désirable.

Mais demain, c'est un quoi avoir un corps performant ?

Demain, le corps des athlètes sera-t-il encore un corps désirable ?

On en reparlera lors des Premières Rencontres de la Prospective Sportive qui auront lieu à Paris, le jeudi 24 juin 2021.