ET SI ON TESTAIT DE NOUVEAUX SCÉNARIOS SUR LES IMAGINAIRES SPORTIFS ?

Au sein du Prospective Sport Lab ®, nous ne sommes pas des grands adeptes de la prospective par scénarios, qui nous semble souvent limitée et un peu vaine, peinant à réellement donner des outils pour engager la construction d'un futur désirable. je lui préfère la prospective par identification des écarts au futur désirable qui me semble plus féconde et surtout plus directement opérationnelle.

Reste qu'élaborer des scénarios peut parfois fertiliser la réflexion.

Dans le travail que nous menons au sein de l'Observatoire des Nouveaux Imaginaires Sportifs ® depuis plusieurs années, la compréhension des imaginaires permet de construire bien plus qu'un simple exercice intellectuel : une solide démarche stratégique, une manière de boussole stratégique pour comprendre les évolutions profondes du sport et des pratiques sportives.

Et donc pour celles et ceux qui veulent bien y réfléchir voici quelques scénarios simples. 

Y réfléchir permet probablement de mieux appréhender le monde du sport qui vient :

> Scénario "Techno-Performant" : Un sport dominé par la technologie, la data, la recherche de performance optimisée et personnalisée, avec des expériences immersives (VR) et une forte intégration de l'IA. 

L'imaginaire de l'athlète "augmenté" et du corps comme donnée quantifiable prédomine.

 

> Scénario "Éco-Bienveillant" : Un sport recentré sur le bien-être, la santé, la connexion à la nature et la convivialité. L'imaginaire de l'équilibre, du respect de l'environnement et du lien social prime.

 Les pratiques douces, outdoor, locales et durables sont privilégiées. 

> Scénario "Fragmenté-Individualiste" : Un paysage sportif éclaté, où les pratiques sont très individualisées, flexibles, souvent auto-organisées ou médiatisées par des plateformes numériques. 

L'imaginaire de l'autonomie et de la consommation de services à la carte domine, au détriment potentiel des structures collectives traditionnelles. 

> Scénario "Communautaire-Inclusif" : Un sport qui réaffirme sa fonction sociale, en mettant l'accent sur l'inclusion de tous les publics, la mixité, la solidarité et le rôle éducatif. 

L'imaginaire du "vivre ensemble" et de la citoyenneté par le sport est central, porté par des acteurs associatifs et des politiques publiques volontaristes. 

Ces scénarios ne sont que des esquisses. 

L'avenir réel du sport sera probablement une combinaison complexe de ces différentes logiques.

L'intérêt de la prospective basée sur les imaginaires est précisément de ne pas chercher à prédire un futur unique, mais d'ouvrir le champ des possibles, en montrant comment différentes visions du monde et différentes aspirations collectives peuvent façonner des avenirs contrastés.

Il est important de noter que les imaginaires ne sont pas de simples reflets passifs des évolutions sociales ; ils sont aussi et surtout des forces actives, des projets qui orientent l'action.

Et toujours : les 7 grands imaginaires du sport 

ET SI LES CLUBS SE PENCHAIENT UN PEU PLUS SUR LES NOUVEAUX IMAGINAIRES SPORTIFS ?

Dans le cadre du Prospective Sport Lab ®, nous avons créé en juin 2020 l'Observatoire des Nouveaux Imaginaires Sportifs ® pour essayer d'embrasser la richesse et la complexité du phénomène sportif contemporain.

Loin d'être monolithique, le sport est traversé par une pluralité de logiques, de valeurs et de représentations qui coexistent, se concurrencent et s'influencent mutuellement.

- L'imaginaire traditionnel continue de dominer la scène médiatique avec son emphase sur la compétition, la performance mesurable et l'excellence athlétique, incarné par les Jeux Olympiques et les grandes ligues professionnelles, et soutenu par des sponsors majeurs et des équipementiers axés sur la victoire.

- L'imaginaire du sport libre, né de la contre-culture, persiste dans les pratiques alternatives et outdoor, valorisant l'autonomie, l'expression personnelle et le rapport à la nature, tout en étant récupéré par des marques vendant un style de vie "authentique".

- L'imaginaire du corps exhibitionniste transforme le corps en projet esthétique et en spectacle, alimenté par la culture fitness, le culte de la performance visuelle et l'industrie des vêtements et compléments qui promettent un physique idéalisé.

- L'imaginaire du corps réparé/augmenté explore les frontières mouvantes entre handicap, technologie et capacité humaine, soulevant des questions éthiques cruciales sur l'équité et la définition même de l'athlète à l'ère de la bionique.

- L'imaginaire du corps dématérialisé consacre l'esport comme une nouvelle forme de compétition légitime et lucrative, où la performance se joue dans l'arène numérique, attirant des audiences massives et des investissements considérables.

- L'imaginaire du sport militant réaffirme la dimension politique et sociale du sport, les athlètes et les organisations utilisant leur plateforme pour plaider en faveur de causes comme l'anti-racisme, le féminisme ou les droits LGBTQ+, incitant les marques à prendre position.

- L'imaginaire du sport régénératif propose une vision d'avenir où le sport devient un acteur de la transition écologique et sociale, visant un impact positif net sur la planète et les communautés.

Ces imaginaires ne sont pas figés mais dynamiques. 

L'essor de l’esport, la montée de l'activisme des athlètes et l'urgence écologique poussent à une redéfinition constante de ce qu'est le sport et de son rôle dans la société.

Les tensions entre compétition et participation, entre performance et bien-être, entre exploitation commerciale et responsabilité sociale et environnementale, continueront de façonner les trajectoires futures du sport.

Les marques, acteurs économiques majeurs de cet écosystème, sont à la fois le reflet et le moteur de ces évolutions, naviguant entre ces différents imaginaires pour construire leur image et séduire des consommateurs aux attentes de plus en plus diversifiées et conscientes.

L'avenir des clubs de sport se jouera probablement dans la capacité de ses acteurs à intégrer de manière harmonieuse ces différentes dimensions.

On en reparlera plus longuement, là.

QUAND LE PROSPECTIVE SPORT LAB ® LANCE SES ANALYSES !!!!

Au Prospective Sport Lab ® nous explorons entre autres les capacités des IA.

Le moins que l'on puisse dire c'est que les possibilités offertes évoluent à une vitesse étonnante.

Cela nous permet de lancer de nombreuses veilles systématiques sur de très nombreux thèmes qui nous intéressent.

Évidemment, et fidèles à notre habitude, nous partageons le résultats de notre travail, lors des Rencontres de la Prospective Sportive ® (les prochaines auront lieu le 14 mai) ou lors des Rencontres Sport/Équipement/Stratégie ®.

Certaines de nos veilles n'ont pas vocation à créer des rencontres mais peuvent intéresser nombre d'entre-vous.

La veille sur la concurrence internationale dans la perspective des Jeux Olympiques par exemple.

Vous retrouver ces Analyses du Prospective Lab ® sur le site "Décideurs du Sport" - là.

Les premiers rapports concernent les États-Unis, la Chine, La Grande-Bretagne, la Corée du Sud, les Pays-Bas, l'Allemagne et la Hongrie.

Ces rapports de veille ont vocation à être mis à jour de façon régulière.

D'autres suivront donc...

À vite

ET SI LES FÉDÉRATIONS SE RÉAPPROPRIAIENT LES VALEURS CULTURELLES DE LEUR SPORT ?

Au sein du Prospective Sport Lab ® et plus particulièrement dans le cadre de l’Observatoire des Nouveaux Imaginaires Sportifs ® nous nous sommes particulièrement intéressés à la manière dont des fédérations sportives sont devenues olympiques par intégration d'une nouvelle discipline dotée d'une identité forte et d'une culture affirmée. 

Ce fut le cas de la Fédération Française de Roller et Skateboard qui a accueilli le skateboard et de la Fédération Française de Danse qui a accueilli le breaking.

Le moins que l'on puisse dire c'est que cela n'a pas été aisé.

Le monde du sport aurait donc sans doute intérêt à s'y intéresser car à l'évidence, les nouvelles pratiques sportives dont on peut penser que certaines deviendront (peut-être de façon éphémère) olympiques un jour, se développent toutes avec une dimension culturelle identitaire forte.

Des questions donc...

N'y aurait-il pas intérêt intégrer plus profondément les pratiques sportives dans le tissu culturel actuel en exploitant les différentes manières dont la culture influence et est influencée par le sport ?

Ne faudrait-il pas capitaliser sur la transformation des sports en styles de vie en encourageant au lieu de les dédaigner, les initiatives qui transcendent la simple pratique sportive pour y associer des éléments de musique, d'art, de mode et de narration ?

Ne pourrait-on pas profiter des événements et des espaces qui célèbrent la culture associée à certains sports pour organiser des festivals incluant des compétitions, des concerts, des expositions d'art et des défilés de mode ?

Pourquoi les fédérations n'encouragent-elles que très peu la création de contenus (vidéos, blogs, réseaux sociaux) qui mettent en avant le style de vie lié à la pratique sportive, en présentant les aspects esthétiques, les codes et les communautés ?

Le monde du sport n'aurait-il avantage à tirer parti de l'adoption des valeurs et de l'esthétique du sport par la culture en mettant en avant les valeurs de performance, de dépassement de soi et de mouvement dans des contextes non sportifs et en utilisant ces valeurs comme source d'inspiration ?

Les marques de sport mais également les marques de luxe l'ont bien compris. 

Leur laisser le champ libre pour exploiter cette dimension de la pratique sportive est peut-être une erreur pour le monde sportif fédéré.

Et si les fédérations comme les clubs devaient un peu plus s’intéresser aux mutations culturelles et aux stratégies des marques ?

Voir : Et si les clubs s'intéressait un peu plus aux stratégies des marques de fringues ?

ET SI ON REDÉFINISSAIT LA VALEUR DU SPORT DANS NOTRE SOCIÉTÉ ?

"Assis sous un goyavier, ils regardent, impassibles, les parapentistes, les grimpeurs, les joggeurs, les randonneurs et les plongeurs s'affairer sur le chemin.

Ils doivent se demander à partir de quand les Occidentaux ont considéré le monde comme une salle de sports." 

Sylvain Tesson - Août 2012

Et si on redéfinissait la "valeur du sport" dans notre société ?

La "valeur du sport"  est principalement appréhendée à travers le prisme économique : audiences télévisuelles, revenus publicitaires, ventes de billets et de produits dérivés, valorisation des clubs et des athlètes sur le marché.

On pourrait dépasser cette conception limitée pour embrasser une théorie alternative de la valeur, ancrée dans une économie civique et du commun. 

Au lieu de se concentrer uniquement sur le "prix du marché", il s'agirait de considérer les "valeurs systémiques" que le sport peut générer.

Ces valeurs englobent :

- l'amélioration de la santé publique notamment du bien-être mental.

- le renforcement du lien social, de l'inclusion et du sentiment d'appartenance à travers la pratique sportive collective et les événements partagés.

- la préservation de la biodiversité, en promouvant des pratiques sportives respectueuses de l'environnement.

- la résilience des écosystèmes locaux, en encourageant l'utilisation et la régénération des ressources locales de manière durable.

Cela signifie reconnaître que la valeur d'une activité sportive ne réside pas uniquement dans la performance d'un individu ou le profit d'une organisation, mais dans son impact sur l'ensemble du système : les individus, la communauté, et l'environnement dans lequel elle se déroule.

Dans cette perspective, le succès dans le sport ne serait plus mesuré uniquement par le nombre de médailles remportées ou les bénéfices financiers générés. 

De nouveaux indicateurs de succès pourraient être imaginés pour évaluer la contribution du sport à ces valeurs systémiques.

La mise en avant de ces valeurs systémiques nécessiterait une redéfinition des « codes sources » qui régissent le sport, qu'ils soient conceptuels (comme la notion de valeur elle-même) ou techniques (comme les systèmes de financement et d'évaluation).

Il s'agirait de s'inspirer d'"alternatives conceptuelles" qui répondent aux défis de notre époque.

Par exemple, au lieu de considérer les espaces naturels uniquement comme des ressources à exploiter pour des activités sportives, ils seraient vus comme des actifs à préserver et à régénérer, et la pratique sportive pourrait être conçue de manière à contribuer activement à cette régénération.

En adoptant cette perspective, le sport pourrait devenir un véritable levier de transformation sociétale et environnementale.

Le succès ne serait plus une fin en soi, mais un indicateur de la contribution positive du sport au bien commun.

On en reparle le 14 mai, là.