mardi 27 décembre 2022

ET SI L'ON FAISAIT L'INVERSE DE CE QUE L'ON FAIT ACTUELLEMENT ?

L'un de moyens de savoir si les sujets sur lesquels on construit nos politiques publiques sont les plus pertinents c'est de se poser la question : "Que se passerait-il si on faisait exactement l'inverse de ce que l'on fait actuellement ?


En matière de développement des activités physiques ou sportives, cela donnerait quoi si au lieu de chercher à les développer, on cherchait à les limiter voire à les faire disparaître ?


Il ne s'agit pas ici d'interdire puisque qu'on n'oblige pas actuellement, mais bien de déployer des politiques publiques pour diminuer les pratiques physiques ou sportives.


Prenons le cas des équipements sportifs dont on nous dit qu'ils sont un élément clé du développement des pratiques physiques ou sportives. 


Si on ne les finançait plus, qu'on fermait ceux qui sont vétustes, qu'on de faisait plus de "plan 5000 équipements", est-ce que cela empêcherait les gens de faire des activités physiques ou sportives ? À l'évidence non, certaines pratiques pourraient diminuer mais majoritairement on peut continuer à faire du sport à peu près n'importe où , y compris chez soi ! 


Prenons le cas de l’encadrement sportif, que se passerait-il si on ne formait plus les éducateurs et autres entraîneurs ? Si on ne subventionnait plus les recrutements dans les associations, cela empêcherait-il les gens de pratiquer des activités physiques ou sportives ? Ben pas plus en fait, à la marge éventuellement, et de ce point de vue, il ne nous faudra pas beaucoup plus que quelques semaines pour voir ce comment ChatGPT va bouleverser la donne...

Prenons le cas des grandes campagnes de promotion du “Sport-Santé”, que se passerait-il si ce sujet disparaissait au profit de campagne de type : "le sport abime le corps" ? 


Probablement pas grand chose, de même que les campagnes contre la cigarette n'ont guère eu d'impact sur la consommation (il semble que seul la hausse du prix ait eu un réel impact), il y a fort à parier que que ce type de campagne d'influera qu'à la marge la diminution de la pratique d'activités physiques ou sportives, l'inverse est probablement aussi vrai...


La pratique d'activités physiques ou sportives n'est que très marginalement influencée par les politiques d'équipement, d'encadrement, de maillage du territoire, de campagnes promotionnelles.


On ne crée pas le besoin, on répond juste à une/des envie(s) et le moteur de cette/ces envie(s) ce sont les imaginaires. 


Les imaginaires engagent les comportements, les font évoluer, ils déploient massivement et parfois très rapidement de nouvelles envies, de nouvelles motivations, donc de nouvelles pratiques.


Oui mais travailler sur les imaginaires c'est bien plus compliqué que de couler du béton, former des éducateurs, faire des affiches, subventionner ici ou là des recrutements...


C'est pourquoi avec l'ObSoCo nous avons créé l'Observatoire des Nouveaux Imaginaires Sportifs.


On reviendra sur la question de l'avenir des équipements sportifs au printemps 2023, lors des premières Rencontres Sport / Equipement / Stratégie ® organisées autour de la question "C'est quoi demain un équipement sportif ?"

vendredi 23 décembre 2022

ET SI NETFLIX N'ÉTAIT PLUS UN CONCURRENT DE DECATHLON ?

Cela fait plusieurs années qu'une marque comme Decathlon estime que son principal concurrent est Netflix.

Le temps passé devant les écrans étant un temps supposé de ne pas être un temps du sport - .

Pour les nouvelles générations cette dichotomie temps des écrans vs temps du mouvement, n'est pas forcément évidente comme le prouve ci-dessous cette création imaginée par des étudiants en communication de la Syracuse University pour la Switch de Nintendo.

"Gaming beyond boundaries" nous promet cette image.

Le jeu video ne s'opposerait pas au mouvement et au sport.

Les écrans ne s'opposeraient plus au mouvement et au sport.

Les écrans feraient désormais parties intégrantes du mouvement et du sport.

Dès lors, pourquoi ne pas considérer les écrans comme le tremplin vers de nouvelles pratiques sportives, et pas seulement comme des instrument d'un visionnage passif ? 

Et si l'écran devenait un équipement sportif comme un autre ?

C'est en tout cas, la conclusion à laquelle semble être arrivée Nike qui plutôt que de voir les plate-formes numériques comme des concurrents, les voit aujourd'hui comme des alliées. 

Le lancement de son Nike Training Club sur Netflix en est la preuve - .

Netflix devient ainsi véritable opérateur et acteur de sport, les cours de fitness de Nike venant compléter son offre déjà très riche de fictions et de séries documentaires sur le monde sportif.

Et Decathlon, comme toutes les autres marques du secteur, a tout à y gagner.

Car Netflix renouvelle dans ses séries l'approche du sport et est capable d'engendrer de nouvelles pratiques - voir l'engouement pour les échecs suscité par le " Jeu de la dame", série relayée par un jeu vidéo accessible sur la plate-forme - .

Dès lors se pose un certain nombre de questions pour demain :

- C'est quoi demain, le sport sous le prisme de Netflix ?

- C'est quoi demain penser une offre d'activité sportive, quand émerge des rapprochements entre des marques mondiales aussi puissantes que Nike et Netflix ?

- C'est quoi demain penser une offre et un équipement sportif dans ce nouvel éco-système ludo-fictionnel ?


Et si demain "le sport comme je veux, où je veux, quand je veux", c'était Netflix qui le proposait ?

On reviendra longuement sur ces sujets lors des premières Rencontres Sport / Equipement / Stratégie ® organisées en avril prochain autour de la question "C'est quoi demain, un équipement sportif ?", - 

lundi 19 décembre 2022

COMBIEN DE NOUVEAUX SPORTS POTENTIELS ?

Le Sport.


Le Sport nous mène vers de nouveaux sommets, 

… de nouveaux territoires, 

… de nouvelles limites, 

… de nouvelles rencontres,

… de nouvelles aventures

et de nouvelles missions.


Vers l’inconnu, l’imprévu et l’inattendu... 

Vers de nouvelles Passions, de nouveaux #Rêves, et des #Endroits où ne nous sommes encore jamais allés...


Où le le sport nous mènera-t-il ?


Le sport n'a pas de Limite !


La promesse est belle, bien sûr mais ce n'est pas (plus ?) la promesse du sport.


C'est celle du jeu.


On a juste remplacé jeu par sport dans le texte de cette promotion pour PlayStation (voir ) et ça marche plutôt bien, mais malheureusement ça ne recouvre que très (trop ?) partiellement la réalité.


Citant l'« Évaluation du moral des dirigeants du COSMOS 2022 »,  Patrick Bayeux indiquait : "...les adhérents, [...] sont perçus par les #dirigeants comme non engagés pour 80 % d’entre eux et consommateurs de loisir sportif pour 72 % d’entre eux...".


À qui la faute, aux adhérents ou à ce qu'on leur propose ?


On consomme ce qui est consommable... 


Vivre une expérience c'est autre chose, cela crée de l'engagement, de la passion, cela active des imaginaires bien plus riches...


Il suffit pour s'en persuader de regarder l'évolution actuelle de l'archerie, c'est encore un peu timide en France, mais ailleurs... 


Hunger Games et Katniss Everdeen ont précipité des milliers des gamines dans les clubs de tir à l'arc outre-atlantique.


Pour faire du tir à l'arc ? 


Du tir à l'arc olympique ? 


Non, l'expérience recherchée est autre, parce qu'il y avait là dans les #imaginaires du film : 

… de nouveaux territoires, 

… de nouvelles limites, 

… de nouvelles rencontres,

… de nouvelles aventures

Vers l’inconnu, l’imprévu et l’inattendu... 


Vers de nouvelles passions, de nouveaux rêves, et des #endroits où ne nous sommes encore jamais allés...


Intéressez-vous aux imaginaires liés aux arcs à billes, ces arcs à poulie tout à fait étonnants qu'on croirait sortis d'un film de science-fiction... 


Pensez également aux scènes du clip de PlayStation, combien de sports y sont-ils présents ?


Combien de nouveaux sports potentiels peut-on imaginer ?


Le sport à tous les atouts nécessaires pour élargir ses imaginaires et engager des publics variés qui ne seront pas de simples consommateurs, il faut juste s'y mettre !


Le sport est affaire d'expérience pas de consommation.


Et si on s'intéressait plus à la fiction pour penser les sports de demain ? .


On en reparlera beaucoup plus longuement, .


jeudi 15 décembre 2022

POURQUOI S'INTÉRESSER AUX NOUVEAUX IMAGINAIRES SPORTIFS ?

Nous venons de créer l’Observatoire des Nouveaux Imaginaires Sportifs ®.


L'objectif est évidemment de prolonger, d'approfondir, d'enrichir le travail que nous menons depuis plusieurs années dans le cadre du Prospective Sport Lab ® et au travers des Rencontres de la Prospective Sportive ®.


Les représentations du sport sont très largement construites par les imaginaires dominants qui sont très présents dans les médias bien sûr, mais aussi et surtout dans les discours politiques et économiques et dans les manières d'être au monde du mouvement sportif. 


Mais peut-on construire sur ces imaginaires dominants des futurs désirables pour le sport ? 


Est-il possibles de circonscrire comme on le fait aujourd'hui notre vision du futur du sport dans les limites étriquées de ces imaginaires dominants ?


Il nous faut constater que des imaginaires émergents viennent peu à peu bouleverser les repères, rebattre les cartes, ouvrir des champs nouveaux de pratiques qui répondent à des champs nouveaux de besoins. 


Certes il est plus facile (pour quelques temps encore mais combien de temps ?) de préférer le consensus confortable et peut-être rassurant des imaginaires dominants, car ils ne nous demandent pas de changer, ils favorisent le statu quo. Ils ne nous demandent pas d'inventer d'autres manières de faire, ils peuvent se satisfaire de quelques évolutions graduelles en feignant d'ignorer qu'autour du sport, les changements sont systémiques. 


Comment le sport, son organisation, son économie, ses politiques publiques pourraient-ils épargnés par ces évolutions ?


L’Observatoire des Nouveaux Imaginaires Sportifs ® s'attachera donc à repérer, identifier, comprendre mais aussi expliquer à celles ou ceux que cela intéresse, les imaginaires émergents parce que, bien qu'ils restent pour le moment marginaux, ils sont les puissants moteurs du sport de demain.


Ce sont eux, les déclencheurs des nouvelles pratiques.

mardi 13 décembre 2022

PROSPECTIVE SPORTIVE : DE NOUVEAUX OUTILS POUR PENSER DEMAIN

En juin 2020, nous avons créé le Prospective Sport Lab ®.

La vocation de cette structure est de conduire des missions de prospective et de conseils stratégiques, mais aussi de développer de nouveaux formats d'échanges sur la prospective sportive.
- C'est à partir des réflexions engagées dans le cadre du Prospective Sport Lab ®, que nous avons lancé :
> Les Rencontres de la Prospective Sportive ®, dont la cinquième édition aura lieu en juin 2023 autour de la question "Et si la science-fiction nous aidait à penser les futurs du sport ?".

- Et c'est avec la même volonté d'ouvrir nos horizons et de voir comment nos idées peuvent s'appliquer concrètement, que nous lançons :
> Les Rencontres Sport/Equipement/Stratégie ® dont la première édition aura lieu au printemps 2023 autour de la question "C'est quoi demain une installation sportive ?"

- Et c'est enfin pour mieux comprendre les mutations en cours et à venir, et mieux accompagner nos clients, que nous avons lancé avec nos amis de l'ObSoCo
Et donc aujourd'hui, l'offre du Prospective Sport Lab ® se décline autour de quatre grands modes de réflexions :
- les Rencontres - les RPS ® et les R/S/E/S ®,
- l'Observatoire des Nouveaux Imaginaires Sportifs ®,
- les activités de conseils.

Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à nous contacter 

lundi 12 décembre 2022

ET SI LE SPORT ARRÊTAIT DE VOULOIR CLASSER ET HIÉRARCHISER ?

« Changer ses désirs [plutôt] que l’ordre du monde. » nous dit Descartes dans la 3e maxime de la morale provisoire du "Discours de la méthode".


C'est probablement l'enjeu mais également le défi auxquels nous devons faire face, y compris dans le sport et ce, jusque dans nos pratiques sportives les plus anodines et quotidiennes.


Pas facile alors quand on s'est choisi comme désir quasi unique et érigé en modèle quasi exclusif : la compétition, la victoire, le champion (dont on croit naïvement qu'en le nommant guerrier, il n'en sera que plus héros), le dépassement de soi et surtout des autres. 


Ce désir de victoires, d'excellences relatives, de vaincre est, et depuis longtemps, ancré dans nos imaginaires, nos certitudes mais ce désir est-il en phase avec "l'ordre du monde" ? 


Ce désir nous offre-t-il des moyens de répondre aux grandes crises du moment : crise des ressources, crises environnementales, disparition du vivant ?


Pour assouvir ce désir, le sport s'est doté d'outils, il n'a en cela pas été très original emboitant le pas de l'éducation, de la religion, de l'État.


Michel Foucault en son temps l'avait analysé avec beaucoup d'acuité : évaluer (on dit profiler désormais dans le sport) et quantifier pour connaitre (la connaissance est toujours un alibi très pratique du contrôle), rationaliser pour classifier (et donc classer), classifier pour normaliser et in fine former. 


On l’a souvent dit, le sport est affaire de domestication, donc de contrôle : contrôle des corps, du temps, des espaces, des interactions. "Surveiller et Punir" nous dit Foucault.


Alors on substitue quoi à ce modèle qui nous éloigne de l'ordre du monde, qui a montré toutes ces limites et nous a conduit dans l'impasse civilisationnelle dans laquelle nous sommes, si on veut continuer à promouvoir le sport, les activités physiques ou sportives et leur pratique par le plus grand nombre ? 


On invente quel nouveau "Grand Récit" ?


Peut-être pourrait-on avantageusement retrouver les vertus du jeu, cette activité gratuite et inconséquente, disponible immédiatement quelque soit l'endroit où l'on se trouve, cette activité imparfaite et sans normes figées (voir "Et si Spotify devenait un modèle pour le monde du sport ?" ), un hédonisme léger qui permettrait de faire société sans chercher à classer ou hiérarchiser, qui repousse loin de nous les oligarchies arrogantes pour prôner la seule valeur qui permet au vivant de perdurer et de survivre en harmonie avec son environnement : la solidarité.


Pour prolonger sur cette question, voir les réflexions de Michel Onfray.

vendredi 9 décembre 2022

ET SI SPOTIFY DEVENAIT UN MODÈLE POUR LE MONDE DU SPORT ?

Le monde du sport devrait regarder la série "The Playlist" de Netflix, série qui raconte la création du service de streaming de musique Spotify.


D'abord parce que c'est une excellente série, avec des astuces de mise en scène et une narration épatantes.


Ensuite parce qu'elle nous donne à voir des changements dans notre monde qui sont à l'oeuvre depuis une vingtaine d'années, et qui viennent percuter le sport, son organisation et nos imaginaires de manière critique


Donc ce n'est peut-être pas idiot que d'essayer de comprendre ce qui est en jeu ici.


Il y a d'abord ce rapport au "Tout"


Si Spotify ne réussit pas à donner accès à toute la musique existante, alors Spotify n'a pas de valeur. 


Cela n'est pas anodin, jusqu'à présent, le numérique seul a permis ce nouveau rapport au "Tout" et ce "Tout" est désormais une mesure de base que nous avons intégrée : nous avons accès à toute la musique, tous les films, tous les livres, tous les spectacles (y compris sportifs), tout le monde, et nous nous y sommes habitués. 

C'est devenu une norme, une norme banale qui parce que nous en faisons l'expérience quotidiennement devient référence, la Référence, celle en deçà de laquelle la frustration se substitue à la satisfaction.


Ensuite ce "Tout" doit être tout de suite, dans l'immédiateté


La série le montre bien, cette immédiateté du "Tout" qui crée l'expérience ultime, la satisfaction, la plénitude, le bonheur du consommateur de musique, est une impérieuse nécessité, une obsession des informaticiens. 


Il ne peut y avoir de délai dans la satisfaction de celle ou celui qui souhaite écouter un morceau de musique sur Spotify, c'est la condition sine qua non d'une expérience réussie. 


Là encore cette immédiateté est devenue une norme de la satisfaction de nos désirs, pour de nombreux sujets désormais il nous paraît incongru d'avoir à attendre, tout tout de suite, là où je suis est l'acmé de l'expérience utilisateur dans bien des domaines.


Le "Tout" tout de suite est donc l'objectif, au prix s'il le faut d'une légère altération (ici du morceau de musique), l'expérience est la clé, si celle ou celui qui écoute de la musique peut écouter toute la musique qu'elle ou il souhaite, instantanément, sa satisfaction sera garantie quand bien même, la vitesse de streaming aura légèrement altéré la qualité de la musique.


Et le sport alors ?


Est-il aujourd'hui en mesure de délivrer une expérience totale ? 


Peut-il s'organiser pour être disponible tout de suite ? Là où l'on est ? 


Est-il capable de s'altérer un peu pour permettre une expérience plus immédiate ? Plus riche ? Plus satisfaisante ?


Autrement dit : Est-il capable d'offrir avec le même "abonnement" un accès à tous les sports ? 


A-t-il réellement besoin par exemple de lieux normés, de règles, de standards pour proposer une expérience satisfaisante ? 


Peut-il se rendre accessible partout ? 


Peut-il se proposer à nous dans une expérience débarrassée des frictions du vieux monde ?