Le modèle de gouvernance historique, fondé sur une structure pyramidale et hiérarchique où les fédérations nationales et internationales occupaient un sommet incontesté, est de plus en plus disrupté.
L'avènement de l'ère numérique a fragmenté et décentralisé l'influence, métamorphosant un système de contrôle vertical en un écosystème complexe et réticulaire où le pouvoir est désormais distribué entre une multitude d'acteurs.
Les fédérations, autrefois gardiennes quasi exclusives de la légitimité, de la communication et des opportunités commerciales, doivent aujourd'hui apprendre à coexister et à collaborer avec des acteurs individuels dont la puissance médiatique et économique est devenue considérable : les "athlètes-marques".
Cette catégorie de sportifs d'élite dont l'influence personnelle, l'audience numérique et la valeur commerciale intrinsèque rivalisent, et dans certains cas, surpassent celles de leur propre fédération.
Ces athlètes ne sont plus de simples participants aux compétitions organisées par leur instance de tutelle, ils sont devenus des entités médiatiques à part entière, des créateurs de contenu, des entrepreneurs et des leaders d'opinion influents.
Leur portée ne se limite plus aux arènes sportives, mais s'étend de manière significative aux sphères sociales, culturelles et commerciales, leur permettant de toucher des publics bien au-delà des cercles de fans traditionnels.
La prospérité des fédérations notamment olympiques dans ce nouvel environnement ne dépend plus de leur capacité à imposer un contrôle unilatéral, mais bien de leur aptitude à orchestrer intelligemment ces nouvelles dynamiques.
Le succès futur réside dans la transformation d'une relation historiquement fondée sur la subordination en un partenariat stratégique axé sur la co-création de valeur.
Il s'agit d'opérer un basculement fondamental d'une logique d'opposition, où les intérêts de l'institution et de l'individu sont perçus comme concurrents, vers une recherche active de synergies. Ce nouveau modèle doit valoriser simultanément l'expertise institutionnelle irremplaçable de la fédération et l'influence individuelle inestimable de ses athlètes-marques.
L'enjeu n'est plus de contrôler, mais d'orchestrer.
Et ce n'est pas nécessairement facile ou évident.
Tenter de préserver un modèle hiérarchique et unilatéral est non seulement voué à l'échec, mais également contre-productif, générant des conflits qui nuisent à toutes les parties prenantes.
Les fédérations ne doivent pas se percevoir comme les propriétaires de l'image et de la carrière des athlètes mais se réinventer en tant que leurs partenaires stratégiques les plus importants et les plus fiables.
On en reparlera le 2 octobre, là.