Dans la course à l'excellence, et singulièrement à l'excellence sportive, le plus grand frein n'est pas toujours visible.
Il s'agit d'un passif très insidieux : la dette culturelle.
Ce concept d'importance pour toute organisation visant la haute performance, désigne l'accumulation des conséquences négatives qui découlent de décisions privilégiant le gain à court terme au détriment de la culture de la fédération (ou du club...). Chaque mauvais recrutement, chaque communication défaillante, chaque compromis sur les valeurs creuse cette dette silencieuse.
Pour une fédération, les "intérêts" à payer sur cette dette sont exorbitants :
- Baisse de la performance et du moral : Un environnement de travail toxique ou un manque de confiance envers le leadership mine l'engagement.
- Turnover élevé : Une mauvaise culture fédérale fait fuir les meilleurs talents, qu'il s'agisse d'athlètes ou de membres du staff, entraînant une diminution des résultats, des coûts de remplacement élevés et une perte de savoir institutionnel.
- Manque d'innovation : Une culture sclérosée, où règne la peur du changement et les rengaines "on a toujours fait comme ça" ou encore "nous c'est pas pareil..." étouffent la créativité et la capacité d'adaptation.
- Crises et atteinte à la réputation : tôt ou tard, la dette culturelle se manifeste par des conflits internes, des cas de burnout ou des crises médiatiques qui peuvent anéantir des années de travail.
L'inefficacité devient alors systémique. L'énergie est dépensée à gérer les frictions internes plutôt qu'à progresser.
La culture n'est pas un acquis, c'est un investissement stratégique qui relève de la responsabilité directe du leadership.
Pour réduire la dette culturelle, il est impératif de mettre en place un management intentionnel en :
- Incarnant les valeurs : le leadership doit être le premier gardien de la culture.
- Recrutant pour la culture : la culture est définie par qui est recruté, promu ou éventuellement licencié. Le talent ne doit jamais être une excuse pour un comportement qui dégrade le collectif. Le népotisme un poison !
- Favorisant la sécurité psychologique : il est essentiel de créer un environnement ouvert et bienveillant.
- Auditant et ajustant : évaluer régulièrement la santé de sa culture par des enquêtes et des mécanismes de retour d'information fiables pour identifier et corriger les problèmes avant qu'ils ne s'accumulent.
Il faut se prémunir d'une dette culturelle qui deviendra, si on la laisse filer, le passif qui anéantit les actifs les plus précieux. En investissant dans une culture saine, au-delà de rembourser une dette on crée un véritable dividende culturel, le moteur d'une performance durable et d'une excellence authentique.
Cela vaut le coup d’y réfléchir, car depuis quelques années cette dette culturelle se creuse dans de nombreuses fédérations et il faudra en payer les « intérêts » un jour ou l’autre (certaines payent d'ores et déjà un lourd tribu)…