lundi 18 août 2025

ET SI ON INVENTAIT UN CONTRAT SOCIAL POUR LA HAUTE PERFORMANCE FRANÇAISE ?

De la nécessité de forger un nouveau contrat social pour la haute performance française.


La stratégie "Ambition Bleue" a représenté une feuille de route robuste et cohérente pour le sport français en vue des JO de Paris 2024. Son efficacité a reposé sur une ambition claire et des mécanismes de pilotage qui ont fait leurs preuves.


Cette architecture stratégique révèle un paradoxe : une machine à performance de pointe dont le système d'exploitation narratif, celui qui la connecte à la société, apparaît plutôt fragile.


Ce modèle montre une focalisation quasi-exclusive sur la performance quantitative : « terminer dans le Top 5 des JO ».


La philosophie sous-jacente est celle de l'installation d'une culture de la haute performance, définie par l'exigence, la précision et une vision stratégique à long terme. Le succès se mesure par des indicateurs de rendement clairs, comme le taux de conversion des médailles mondiales en médailles olympiques par exemple.


Cependant, cette focalisation sur le résultat met en lumière le déficit narratif majeur avec une absence de philosophie unificatrice publique. Ce qui n’est pas le cas, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas ou en Australie par exemple.


Le contrat proposé à la Nation par "Ambition Bleue" est principalement basé sur la fierté nationale et l'excellence compétitive.


Cette architecture narrative engendre une vulnérabilité structurelle.


La légitimité du projet reposant quasi exclusivement sur l'atteinte de l'objectif Top 5, le modèle est plus vulnérable aux critiques en cas de contre-performance, car son utilité sociale est moins explicitement articulée que chez nos voisins.


Le contrat social qui lie l'État et la haute performance est de nature transactionnelle : des fonds publics sont investis en échange de médailles. Lorsque la transaction est réussie, comme à Paris 2024, le modèle est plébiscité. Mais si les résultats venaient à baisser (L.A n’est pas Paris), la transaction serait perçue comme un échec, et le soutien public, tant politique que financier, pourrait s'éroder rapidement. Nos concurrents, en construisant leur légitimité sur des bénéfices sociétaux multiples (inspiration, santé, cohésion), disposent d'un filet de sécurité narratif que le modèle français ne possède pas.


De plus, un narratif purement compétitif se heurte à un plafond de verre en termes d'engagement citoyen. S'il mobilise les amateurs de sport, il peine à engager la société dans son ensemble


Pour justifier un investissement public pérenne et croissant, il est impératif de démontrer un retour sur investissement qui dépasse le cadre sportif pour toucher aux grandes priorités nationales : santé publique, éducation, inclusion.


Pour compenser cette distance, construire un récit puissant (un contrat social ?), connectant l'impôt payé aux bénéfices sociétaux ressentis par tous, semble indispensable...