Le Salon des Sports et Parasports de la Porte de Versailles est l'occasion pour les forces vives du sport en France de se rencontrer autour d'un programme d'interventions riche et varié.
Nos échanges avec quelques acteurs clé du secteur montrent d'une façon assez frappante combien, le sport est dans une période de grande incertitude sur son devenir dans un temps annoncé, de moindre intervention financière de l'État.
Cette question de la quantité d'aides publiques dont on nous dit qu'elle conditionne l'avenir du sport français, masque nous semble-t-il, la perte de repères des acteurs sur ce qu'est devenu aujourd'hui le « territoire » du sport et donc leur présent et par là même leur capacité réelle à lui construire un avenir.
Le monde a depuis 30 ans considérablement changé et durant cette période, le monde du sport français est resté confortablement blotti dans la géographie paresseuse qu'on lui connait aujourd'hui, une géographie, hiérarchisée, répartie, distribuée, organisée de longue date.
Mais sans qu'on y prenne trop attention, ce bel ordonnancement a volé en éclats et ce ne sont pas les tentatives récentes de plaquer de nouvelles matrices (l'Agence nationale du Sport ou les conférences régionales du sport par exemple) sur ce réel fuyant qui ont permis de changer la donne.
Le sport français n'est plus contemporain de ce qui lui arrive il est en décalage car il se rêve encore dans un espace et dans un temps qui ne prennent plus en compte son existence pratique.
Sans futur intelligible et sans repères solides, les acteurs du sport se sentent menacés et souvent même étrangers dans leur propre champ d'activités, cherchant, pour le moment encore en vain, comment devenir contemporains d'une époque qui leur échappe.
La solution nous était promise, hier, au colloque AI for Sport à la Station F, temple de la modernité du moment, avec la perspective de se colleter là, à la version la plus en pointe du nouveau territoire du sport, la très en vogue Intelligence Artificielle.
Peine perdue, car à quelques très rares exceptions près, l'ajout de l'acronyme AI n'est pas fondamentalement différent du 2.0 d'il y a quelques temps, un machin de .com qui revêt beaucoup de promesses et peu de visions concrètes.
Tout au plus, comme à notre habitude, nous numérisons notre passé.
On regrettera donc l'absence de ces nouvelles questions que les IA Génératives nous permettent d'esquisser désormais, questions dont on ne savait même pas il y a encore quelques mois qu'elles existaient et qui pourraient nous permettre de changer notre manière d'être au monde pour lui devenir contemporain ! C'est ballot...
On peut donc s'attendre à ce que dans les 20 à 30 années qui viennent, il nous faille sauter les étapes que le monde institutionnel et conventionnel du sport n'explore pas aujourd'hui pour construire un sport contemporain de son époque.
Les spécialistes du sujet sont actuellement dans les pays de grande pauvreté, c'est peut-être de ce côté et avec humilité qu'on aurait avantage à regarder...