mercredi 9 avril 2025

ET SI LES FÉDÉRATIONS SE RÉAPPROPRIAIENT LES VALEURS CULTURELLES DE LEUR SPORT ?

Au sein du Prospective Sport Lab ® et plus particulièrement dans le cadre de l’Observatoire des Nouveaux Imaginaires Sportifs ® nous nous sommes particulièrement intéressés à la manière dont des fédérations sportives sont devenues olympiques par intégration d'une nouvelle discipline dotée d'une identité forte et d'une culture affirmée. 


Ce fut le cas de la Fédération Française de Roller et Skateboard qui a accueilli le skateboard et de la Fédération Française de Danse qui a accueilli le breaking.


Le moins que l'on puisse dire c'est que cela n'a pas été aisé.


Le monde du sport aurait donc sans doute intérêt à s'y intéresser car à l'évidence, les nouvelles pratiques sportives dont on peut penser que certaines deviendront (peut-être de façon éphémère) olympiques un jour, se développent toutes avec une dimension culturelle identitaire forte.


Des questions donc...


N'y aurait-il pas intérêt intégrer plus profondément les pratiques sportives dans le tissu culturel actuel en exploitant les différentes manières dont la culture influence et est influencée par le sport ?


Ne faudrait-il pas capitaliser sur la transformation des sports en styles de vie en encourageant au lieu de les dédaigner, les initiatives qui transcendent la simple pratique sportive pour y associer des éléments de musique, d'art, de mode et de narration ?


Ne pourrait-on pas profiter des événements et des espaces qui célèbrent la culture associée à certains sports pour organiser des festivals incluant des compétitions, des concerts, des expositions d'art et des défilés de mode ?


Pourquoi les fédérations n'encouragent-elles que très peu la création de contenus (vidéos, blogs, réseaux sociaux) qui mettent en avant le style de vie lié à la pratique sportive, en présentant les aspects esthétiques, les codes et les communautés ?


Le monde du sport n'aurait-il avantage à tirer parti de l'adoption des valeurs et de l'esthétique du sport par la culture en mettant en avant les valeurs de performance, de dépassement de soi et de mouvement dans des contextes non sportifs et en utilisant ces valeurs comme source d'inspiration ?


Les marques de sport mais également les marques de luxe l'ont bien compris. 


Leur laisser le champ libre pour exploiter cette dimension de la pratique sportive est peut-être une erreur pour le monde sportif fédéré.


Et si les fédérations comme les clubs devaient un peu plus s’intéresser aux mutations culturelles et aux stratégies des marques ?


Voir : Et si les clubs s'intéressait un peu plus aux stratégies des marques de fringues ?

mardi 8 avril 2025

ET SI ON REDÉFINISSAIT LA VALEUR DU SPORT DANS NOTRE SOCIÉTÉ ?

"Assis sous un goyavier, ils regardent, impassibles, les parapentistes, les grimpeurs, les joggeurs, les randonneurs et les plongeurs s'affairer sur le chemin.

Ils doivent se demander à partir de quand les Occidentaux ont considéré le monde comme une salle de sports." 

Sylvain Tesson - Août 2012

Et si on redéfinissait la "valeur du sport" dans notre société ?


La "valeur du sport"  est principalement appréhendée à travers le prisme économique : audiences télévisuelles, revenus publicitaires, ventes de billets et de produits dérivés, valorisation des clubs et des athlètes sur le marché.


On pourrait dépasser cette conception limitée pour embrasser une théorie alternative de la valeur, ancrée dans une économie civique et du commun. 


Au lieu de se concentrer uniquement sur le "prix du marché", il s'agirait de considérer les "valeurs systémiques" que le sport peut générer.


Ces valeurs englobent :


- l'amélioration de la santé publique notamment du bien-être mental.


- le renforcement du lien social, de l'inclusion et du sentiment d'appartenance à travers la pratique sportive collective et les événements partagés.


- la préservation de la biodiversité, en promouvant des pratiques sportives respectueuses de l'environnement.


- la résilience des écosystèmes locaux, en encourageant l'utilisation et la régénération des ressources locales de manière durable.


Cela signifie reconnaître que la valeur d'une activité sportive ne réside pas uniquement dans la performance d'un individu ou le profit d'une organisation, mais dans son impact sur l'ensemble du système : les individus, la communauté, et l'environnement dans lequel elle se déroule.


Dans cette perspective, le succès dans le sport ne serait plus mesuré uniquement par le nombre de médailles remportées ou les bénéfices financiers générés. 


De nouveaux indicateurs de succès pourraient être imaginés pour évaluer la contribution du sport à ces valeurs systémiques.


La mise en avant de ces valeurs systémiques nécessiterait une redéfinition des « codes sources » qui régissent le sport, qu'ils soient conceptuels (comme la notion de valeur elle-même) ou techniques (comme les systèmes de financement et d'évaluation).


Il s'agirait de s'inspirer d'"alternatives conceptuelles" qui répondent aux défis de notre époque.


Par exemple, au lieu de considérer les espaces naturels uniquement comme des ressources à exploiter pour des activités sportives, ils seraient vus comme des actifs à préserver et à régénérer, et la pratique sportive pourrait être conçue de manière à contribuer activement à cette régénération.


En adoptant cette perspective, le sport pourrait devenir un véritable levier de transformation sociétale et environnementale.


Le succès ne serait plus une fin en soi, mais un indicateur de la contribution positive du sport au bien commun.


On en reparle le 14 mai, .

lundi 7 avril 2025

ET SI ON REGARDAIT NOS JEUNES AVEC MOINS D'A PRIORI NÉGATIFS ?

S'il y a un sport qui marche très bien en France et depuis longtemps, c'est celui de dire du mal des jeunes.

Et surtout de dire qu'ils sont des gros feignants qui n'aiment pas bouger !!


Dans d'autres d'autres cultures, c'est différent.

On regarde les jeunes avec plus de bienveillance, notamment à l'école.

C'est le cas notamment au Royaume Uni.

Au lieu de juger, on regarde et on trouve de belles choses.

Un rapport sur le marché de l'activité physique et de la santé en Grande-Bretagne nous apprend entre autres choses que les personnes nées entre 1997 et 2012, âgées donc de 13 à 28 ans ont la réputation d’être la génération la plus saine de tous les temps.


On y apprend également que si la pratique d'activités physiques chez les jeunes a une vocation de bonne santé physique, l'objectif des jeunes britanniques en se rendant dans les salles de fitness est d'abord et avant tout la socialisation et une meilleure santé mentale.


Pour eux, aller à la salle de sport est avant tout une question de convivialité.


Il ne s'agit pas de perdre du poids, car la plupart n'en ont pas besoin.


On nous dit que la génération Z a des habitudes et des modes de vie plus sains que les générations précédentes.


C'est plutôt rassurant, non ?

samedi 5 avril 2025

ET SI L'AGENCE NATIONALE DU SPORT DEVENAIT UNE ACTRICE DE LA MUTATION ÉCOLOGIQUE ?

À l'heure où certains envisagent de supprimer l’Agence Nationale du Sport (voir ), pourquoi ne pas imaginer ce que cette institution aurait pu engager pour accompagner résolument le sport français dans la prise en compte des grands défis auxquels nous devons désormais faire face ?


Le monde du sport, comme tant d'autres secteurs, est confronté à des défis majeurs :

- changement climatique, 

- épuisement des ressources, 

- érosion de la biodiversité. 


Face à ces enjeux cruciaux, l’Agence Nationale du Sport peut avoir, si on le souhaite, un rôle unique à jouer pour impulser une transformation profonde.


Et si on osait une approche innovante ?


Comment ? :


Le sport doit intégrer les défis environnementaux et l’Agence Nationale du Sport pourrait piloter ce changement via une approche systémique.


- Identifier les "codes sources" du sport : Analyser comment performance à tout prix, vision court-termiste ou financements actuels freinent la durabilité.

L’ANS peut mener cette introspection critique du système sportif.


- Proposer un "codage alternatif" : Redéfinir le succès sportif via l'interconnexion (nature/société), la valeur systémique (impacts positifs larges), le soin/care (planète/humain) et l'autonomie locale. 

L’ANS peut intégrer ces principes dans ses stratégies et ses financements.


- Créer des "démonstrateurs" : Soutenir des projets concrets (éco-infrastructures, événements bas carbone, initiatives locales) prouvant la viabilité d'un sport durable. 

L’ANS comme catalyseur d'innovation sur le terrain.


Une opportunité pour l’ANS de guider la transformation vers un sport français plus résilient et responsable, ancré dans les réalités de notre époque.


En redéfinissant les instruments et les structures qui régissent le sport !


- De nouvelles mesures de performance : au-delà des résultats sportifs, intégrer des indicateurs de performance environnementale et sociale.


- Des contrats et des réglementations favorisant la durabilité : incitations financières pour les pratiques vertueuses, normes environnementales pour les infrastructures et les événements.


- Des outils de financement innovants : création de fonds d'investissement dédiés au sport durable, mécanismes de financement participatif pour des projets locaux, utilisation de contrats à impact.


- Des plateformes de données ouvertes : suivi et partage des données relatives à l'impact environnemental du sport, permettant une meilleure prise de décision et une plus grande transparence.


- Des mécanismes de gouvernance multi-acteurs : Impliquer les différentes parties prenantes dans la définition des orientations et des règles du sport durable.


À réfléchir...


Voir : et si le bilan carbone devenait la nouvelle mesure de la performance sportive ?

vendredi 4 avril 2025

ET SI LES CLUBS S'INTÉRESSAIENT PLUS AUX STRATÉGIES DES MARQUES DE FRINGUE ?

Préparer les Rencontres de la Prospective Sportive ® dont le thème sera : "Et si demain, les clubs réinventaient le sport... en se réinventant ?nous conduit à consulter, interroger, discuter, réfléchir, échanger avec de nombreux interlocuteurs issus du monde du sport bien sûr mais pas que du sport.


Et c'est très, très intéressant !


Un concept qui revient très souvent depuis une petite dizaine d’années estc’est celui de « tiers lieu »


Pour de plus en plus d'acteurs, le tiers lieu semble devoir devenir une voie qui permettrait de re-construire voire de réinventer le sens et l'utilité du club sportif.


De fait, le tiers-lieu peut être une réponse aux difficultés actuelles du monde du sport en favorisant le lien social et la création de communautés. À une époque où le sentiment de fragmentation sociale est fort, le sport redevient un moyen privilégié de créer du lien.


Les tiers-lieu, théorisés par Ray Oldenburg, sont des espaces créés par la communauté, pour la communauté. 


Dans le contexte sportif, cela se traduit par des espaces tels que les "running stations", qui servent de point de départ et d’arrivée pour les courses, et offrent aux participants la possibilité de se détendre, de se restaurer et de socialiser...


Ce grand mouvement vers une recréation de lien social est cependant, de plus en plus préempté par le secteur marchand. 


Des commerces de toutes sortes s'institue tiers-lieux y compris sportif.


Les magasins de marques de sport évoluent pour devenir des espaces communautaires et des lieux de sociabilité.


Par exemple :


- Le flagship de Bandit Running de Tim West à Brooklyn est conçu comme un hub pour la communauté locale des runners, offrant des casiers, un café et des événements. 


Son slogan est clair : Amusez-vousVenez rencontrer vos voisins Courir quelques kilomètres Boire du café"


- Les boutiques MAAP, appelées "MAAP Lab", sont considérées comme des "espaces communautaires" et cherchent à personnifier le lieu comme une entité sociale et un acteur de la culture cycliste locale. 


Leur leitmotiv est clair : "Les MAAP Lab sont nos espaces de rencontre et d'exploration des liens entre culture créative contemporaine et sport. Chaque lieu s'engage à développer l'art et le progrès du cyclisme à travers un réseau transnational de communautés. Venez rouler."


- On peut aussi citer la stratégie de Rapha dont un des axes de développement est la volonté de se présenter comme un club cycliste à part entière et ce plus particulièrement autour de lieux éphémères et mobiles - .


Face à un monde où les gens se sentent de plus en plus seuls, les tiers-lieux dans le sport

offrent des espaces de rassemblement autour d'un intérêt commun, renforçant ainsi le tissu  social et répondant à un besoin fondamental de connexion.


Mais il ne faut pas se tromper, si le besoin de lien social, singulièrement dans le sport, est mieux incarné par les commerces que par les clubs associatifs alors quel sera l'avenir des clubs sportifs ?


Le propos ici n’est évidement pas de faire l’apologie du commerce, mais bien de poser les questions de 

- qui capte l'attention ?

- qui organise les activités ? 

- qui se développe ?

- qui croît ?

- et qui existe dans le paysage des pratiques sportives ?


Et ce, versus ceux qui restent sur leur quant à soi, attendent qu'on vienne à eux, espèrent des subventions pour continuer à vivre...