vendredi 5 mai 2023

ET SI LE SPORT OSAIT FAIRE LE CONTRAIRE DE CE QU’IL FAIT HABITUELLEMENT ?

Au milieu des années 70', après de grandes inondations dévastatrices, lorsqu'il s'est attaché à essayer de réduire la pauvreté dans son pays, le Bangladesh, le professeur Mohamed Yunus, prix Nobel de la Paix 2006, a pris le contre-pied systématique du comportement des banques :


- elles ne prêtaient qu'aux riches, il prêtera aux pauvres,


- elles ne prêtaient qu'aux hommes, il prêtera aux femmes,


- elles ne faisaient leurs affaires qu'en ville, il officiera exclusivement dans les villages ruraux les plus reculés,


- elles exigeaient des garanties, il n'en exigera aucune, 


- elles voulaient tout connaître du passé des emprunteurs, il ne s'intéressera qu'à leurs projets, leur avenir,


- elles étaient la propriété des quelques hommes riches, sa banque sera la propriété de nombreuses femmes pauvres,


Prendre le contre-pied systématique des manières d'être au monde d'une organisation c'est peut-être le moyen de s'adresser à celles ou ceux à qui d'ordinaire on ne s'adresse pas, mais avec lesquels on aimerait entrer en dialogue a minima.


Dans le sport depuis de très nombreuses années tout le monde appelle de ses voeux à engager dans des pratiques physiques ou sportives celles ou ceux qui n'en font pas.


Depuis de nombreuses années, on voit bien que cela ne fonctionne pas et qu'à chaque nouvelle campagne pour favoriser la pratique sportive, celles ou ceux qui en font déjà se voient leurs pratiques facilitées quant à celles ou ceux qui en étaient éloignés, rares sont celles ou ceux qui s'engagent dans une pratique physique ou sportive.


Alors ...


Alors, et si le mouvement sportif tentait le contre-pied systématique de ce qu'il fait habituellement pour parler aux gens qui ne s'intéressent pas au sport ou n'y ont pas accès ?


- Et si le sport acceptait de s'engager peu plus dans l'expérimentation et un peu moins dans la préservation d'un système à bout de souffle ?


- Et si au lieu de financer les athlètes, le mouvement sportif investissait essentiellement vers les non-sportifs ?


- Et si au lieu de valoriser la compétition, le mouvement sportif soutenait le ludique ?


- Et si au lieu de financer des stades, le mouvement sportif investissait l'espace public avec une multitude de petits équipements ludiques ?


- Et si ...


On vous laisse poursuivre - ou non - la liste des questions tant elles sont nombreuses et tant elles pourraient se révéler terriblement fructueuses pour penser de nouvelles politiques et stratégies sportives pour demain.


Suffit juste d'en avoir envie ... et d'avoir un peu de courage.