“Bouger plus”, c'est le grand leitmotiv du moment.
Ici, ce sont des injonctions à "mettre les français au sport".
Là, on stigmatise au choix et selon le prescripteur : les adolescents, les gros, les femmes, les enfants, les vieux, les ouvriers, les ruraux, les cadres, les jeunes de banlieues, parce que nous sommes trop gros, trop inactifs, trop couteux pour la sécu, trop peu productifs dans nos entreprises, trop sédentaires, trop pas comme il faut...
Et donc pour nous inciter à être plus comme il faut, on a inventé le “Bouger plus” .
Pour l'instant ça ne marche pas vraiment parce que probablement nous, les Français sommes un peu retords.
Mais à y regarder d'un peu plus près, c'est quoi ce concept de “Bouger plus” ?
Ce n'est pas très précis, c'est même assez vide de sens.
Pour les enseignants d'EPS (qui sont en première ligne pour le “Bouger plus” de petits Français) ce serait une manière de "gigotage"...
Bref un truc qui n'a guère de sens et qui surtout ne fait pas vraiment sens pour personne en fait, pas même je pense pour ses promoteurs qui sont parfois bien en peine d'en expliquer le sens.
Dans une période où la perte de sens est générale, ce qui occasionne souffrances et fuites diverses : travail, ville, couple, et donc où la quête d'un sens retrouvé est au coeur des préoccupations, proposer un machin qui n'est pas porteur de sens, a-t-il du sens ?
On nous dirait "venez prendre du plaisir avec vos amis en faisant du sport, en venant jouer, en venant prendre des risques, expérimentez vos limites, vous mettre vous-même au défi de...,", là peut-être un début de construction de quelque chose qui a du sens aurait pu s'entrevoir.
Mais non, comme on y met beaucoup d'argent public, il ne saurait être question de plaisir ou d’expérience ludique, faut que ce soit utile, sérieux, quantifiable, évaluable...
Sauf que les trucs utiles mais qui n'ont pas de sens ou qui n'aide pas à construire du sens, n'ont pas vraiment de saveur alors on le fait une fois ou deux et puis on passe à autre chose, on zappe, on ne s'attarde pas à ce machin auquel on voudrait nous contraindre alors qu'il ne fait pas sens pour nous.
Mais qu'est-ce qui fait sens ?
Sur quoi aujourd'hui une fédération sportive peut-elle s'appuyer pour faire évoluer son offre de pratiques quand elle voit son nombre d'adhérents fondre ?
Comme les collectivités territoriales doivent-elles penser leurs nouveaux équipements pour qu'ils fassent sens aux yeux des habitants ?
C'est l'un de nos principaux sujets de réflexion depuis quelques années : comprendre les imaginaires (i.e. ce qui fait sens) pour construire de nouveaux récits (i.e. construire le sens de l'action).
Il manquait à notre travail de réflexion un outil et donc en collaboration avec un cabinet d'étude plutôt sérieux, nous lançons un "Baromètre des Nouveaux Imaginaires Sportifs ®"