lundi 27 juin 2022

ET SI ON ARRÊTAIT AVEC CETTE IDÉE QUE LE SPORT DEVRAIT ÊTRE UTILE ?

Ils nous plaisent bien ces petits jeunes gens qui nagent vite... 


On se réjouit de leurs performance et de leur bonheur de réussir ce qu'ils ont entrepris c'est à dire devenir des champions. 


Quand on leur demande leur secret (comme s'il pouvait y avoir un secret !), quelque soit leur nationalité toutes et tous disent qu'ils aiment ce qu'il font, Sarah Sjöström encore ce soir aux Championnats du monde de natation de Budapest et ce, quand bien même parfois c'est dur. 


Ils aiment ce qu'il font et cela leur procure du bonheur.


La performance est une source de bonheur.


Le sport est une source de bonheur !


On se réjouit également à l'idée que dans quelques années (dizaines d'années ?) ils découvriront (si ce n'est déjà fait) le bonheur de nager lentement, dans une piscine peut-être et mieux encore parallèlement à la ligne de côte de la plage des Catalans ou de celle de Trestraou


Ils découvriront ce bonheur simple presque dérisoire de nager lentement sans autre objectif qu'être bien, heureux, heureux, détendus ou apaisés, une nage gratuite débarrassée de toute utilité.


Parce que le sport, l'activité physique ce devrait être d'abord et avant tout cela, du bonheur, le bonheur du corps dans l'effort solitaire ou dans le jeu collectif, cet acte gratuit sans autre objectif que le plaisir.


Mais le plaisir, comme le bonheur, c'est louche alors quand on parle de sport, de "mettre les français au sport" de "bouger plus" ce n'est pas de cela que l'on parle, l'injonction est à la pratique d'une activité sportive utile : la santé, l'économie, la productivité, la paix sociale. Il faut bien justifier les millions que l'on y met par une utilité qui se doit d'être évidente et incontestable. 


La gratuité du geste, le bonheur du mouvement, l’épanouissement personnel, le plaisir ne suffisent pas pour faire une politique publique, tout cela n'est pas assez sérieux.Le sport doit être utile, sinon il est inutile !

Cet utilitarisme forcené se construit année après année dans les politiques publiques et donc dans les fédérations sportives, contre le sport bien sûr mais surtout contre les gens.


Et si on substituait l'invitation au bonheur du sport et du jeu à l'injonction à la pratique d'un sport utile ? 


Et si on proposait des politiques publiques du sport, polies, respectueuses des gens, de tous les gens y compris et surtout de ceux qui ne font pas de sport parce que souvent le sport des politiques publiques ne veut pas vraiment d'eux quoi qu'on nous dise ? 


Et si on invitait les gens à s'adonner au bonheur du sport plutôt que de les stigmatiser parce qu'ils sont trop gros, trop à risque cardio-vasculaire, trop...


Et si comme ces jeunes gens qui nagent vite on aidait les gens à aimer la pratique d'un sport, à découvrir le bonheur gratuit et inutile de la pratique sportive ?


Et si on changeait la finalité du sport ?


Dit autrement : et si le sport devait s'inventer un nouveau grand récit ?