"Le meilleur moment pour faire du sport c'est le lundi matin, parce que le mardi ou le jeudi, c'est jour de marché, le mercredi c'est le jour des enfants, donc le mieux c'était le lundi matin"
Cette petite phrase anodine pourrait être finalement une des meilleures clefs de compréhension des 3e Rencontres de la Prospective Sportive que nous avons organisées hier.
Cette remarque fut d'ailleurs une quasi-introduction à cette matinée d'échange sur la question de la transgression dans le sport.
On la doit à Brieux Férot lorsqu'il nous a décrit le travail mené avec des mamans qui ne faisaient pas de sport et qui en font désormais.
Il ne sont certainement pas très nombreux celles ou ceux qui dirigent le sport français qui pensent que le lundi matin soit le moment le plus propice pour développer des activités sportives, et pourtant...
Ce qui ressort à chaud de ces Rencontres avant d’avoir effectuer le travail de synthèse des différentes interventions, c'est bien que la transgression (positive) dans le monde du sport relève, quel qu'ait été l'intervenant hier, d'une prise en compte du réel et donc du rapport au temps dans un environnement institutionnel qui lui, par idéologie pour l'essentiel, s'est détaché du réel en imposant, souvent par défaut, un rapport au temps qui peu à peu devient anachronique.
"Le seul temps qui n'ait pas évolué" nous rappelait Yohan Penel, président de la Fédération Française de Badminton, alors même que les temps du travail, des loisirs et même de la connaissance ont été bouleversés ces dernières années, "c'est celui de l'Éducation Nationale".
Transgresser aujourd'hui, serait finalement prendre en compte le réel c'est à dire regarder le monde tel qu'il est et pas tel qu'on veut le voir, parce que si les règles n'ont pas changé, la norme elle a considérablement évolué comme nous l'a rappelé fort opportunément Alain Loret.
Il faudrait donc rebâtir une vision qui fait toujours défaut (n'est-ce pas Patrick Bayeux ?) sans pour autant oublier la nécessaire régulation. Mais celle-ci n'est possible que si l'on se met d'accord sur la société que l'on souhaite voir advenir, équilibrée entre la protection et la responsabilité, la contribution de Christel Fiorina de l'Autorité Nationale des Jeux a été de ce point de vue très éclairante.
C'est le sens je crois de la proposition architecturale de Nicolas Guérin de l'agence NP2F qui nous propose d'ouvrir les espaces de pratiques sportives sur le monde tant il est vrai que pour prendre en compte le réel il est toujours plus aisé d'ouvrir sa fenêtre. Trop souvent encore on confond fenêtre et miroir.
Et si ouvrir sa fenêtre pour regarder le Monde et écouter les questions qu'il nous pose, était une vraie transgression salutaire pour le sport et singulièrement pour le sport français ?