Dans une ère où la linéarité des schémas traditionnels s'effrite face à la complexité d'un monde à l'évidence de moins en moins linéaire, et où la transformation profonde exige une cadence adaptative plutôt qu'un plan figé, le mouvement sportif français se trouve à la croisée des chemins.
Les mutations à l'œuvre interrogent ses fondations et dessinent des enjeux majeurs pour son avenir.
L'obsolescence d'une pensée purement pyramidale, longtemps structurante pour le sport hexagonal – des clubs locaux aux fédérations nationales, avec la compétition comme horizon quasi unique – est manifeste.
Cette vision linéaire, prévisible, peine à capter les aspirations d'une société en quête de flexibilité, de bien-être individualisé et d'expériences plurielles.
L'injonction à la performance normée cède le pas à une demande de pratiques plus libres, auto-organisées, parfois éphémères, souvent déconnectées des structures institutionnelles.
À une "ascension" programmée se substitue désormais une aspiration à une exploration personnelle, singulière.
Face à cela, la mutation exige un rythme, pas une feuille de route.
Plutôt que de s'arc-bouter sur des plans stratégiques rigides, les acteurs du sport français sont conviés à une forme d'agilité, à une écoute sensible des signaux faibles.
Il s'agit de reconnaître la légitimité de pratiques naguère marginales au-delà des tendances qui ne sont que le reflet d'un "déjà-là", visible et évident.
L'enjeu est de taille :
- Comment concilier l'héritage d'un sport structuré, vecteur de valeurs et de cohésion, avec cette polyphonie de désirs ?
- Comment accompagner sans contraindre, encadrer sans étouffer ?
La pérennité du modèle sportif français dépendra de sa faculté à orchestrer cette transition, à trouver une nouvelle cadence qui respecte à la fois la tradition et l'innovation, l'excellence et l'accessibilité, le collectif et l'individu.
C'est dans cette oscillation créatrice que se forgera le sport à venir, celui qui est à construire !
De fait, il en est de même pour les marques de sport :
- Sauront-elles se saisir de cette oscillation créatrice ?
- Sauront-elles construire de nouvelles cohérences dans le chaos improbable auquel nous devons faire face ?
- Sauront-elles dépasser cette obsession de la prédiction, vaine, nécessairement vaine, dans un environnement que désormais plus personne ne maîtrise ?
- Sauront-elles proposer de nouvelles intentions qui orientent dans cet environnement qu'on ne maîtrise pas ?
Nous avons tenté d’esquisser quelques éléments de réponses dans La Réclame sous le titre "Dans 10 ans, le directeur de création d'une grande marque ne viendra plus de la mode, mais du sport"
Nous en reparlerons en septembre à l'occasion de "c'est quoi demain, une marque de sport ?"